oulait faire rappeler Narbonne, Jaucourt
et plusieurs autres. Legendre la denonca formellement a la tribune. On
se plaignit dans les journaux, de l'influence que voulaient exercer les
coteries formees autour des ambassadeurs etrangers, enfin on demanda la
suspension des radiations. Les thermidoriens firent decreter de plus,
que tout emigre rentre pour demander sa radiation, serait tenu de
retourner dans sa commune, et d'y attendre la decision du comite de
surete generale[5]. On esperait, par ce moyen, delivrer la capitale
d'une foule d'intrigans qui contribuaient a l'agiter.
[5] Decret du 18 aout.
Les thermidoriens voulaient en meme temps arreter les persecutions dont
les patriotes etaient l'objet; ils avaient fait elargir par le comite de
surete generale, Pache, Bourbotte, le fameux Heron, et un grand nombre
d'autres. Il faut convenir qu'ils auraient pu mieux choisir que ce
dernier pour rendre justice aux patriotes. Des sections avaient deja
fait des petitions, comme on l'a vu, au sujet de ces elargissemens;
elles en firent de nouvelles. Les comites repondirent qu'il faudrait
enfin juger les patriotes renfermes, et ne pas les detenir plus
long-temps s'ils etaient innocens. Proposer leur jugement, c'etait
proposer leur elargissement, car leurs delits etaient pour la plupart de
ces delits politiques, insaisissables de leur nature. Excepte quelques
membres des comites revolutionnaires, signales par des exces atroces, la
plupart ne pouvaient etre legalement condamnes. Plusieurs sections
vinrent demander qu'on leur accordat quelques jours de permanence, pour
motiver l'arrestation et le desarmement de ceux qu'elles avaient
enfermes; elles dirent que dans le premier moment elles n'avaient pu ni
rechercher les preuves, ni donner des motifs; mais elles offraient de
les fournir. On n'ecouta pas ces propositions, qui cachaient le desir de
s'assembler et d'obtenir la permanence; et on demanda aux comites un
projet pour mettre en jugement les patriotes detenus.
Une violente dispute s'eleva sur ce projet. Les uns voulaient envoyer
les patriotes par devant les tribunaux des departemens; les autres, se
defiant des passions locales, s'opposaient a ce mode de jugement, et
voulaient qu'on choisit dans la convention une commission de douze
membres, pour faire le triage des detenus, pour elargir ceux contre
lesquels ne s'elevaient pas des charges suffisantes, et traduire les
autres devant les tribunaux criminels. Ils disaient que cett
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