olyte. Le contraste entre ce
costume et celui du premier acte prepare la scene entre Phedre et
Hippolyte, et le jeu comme la diction de l'actrice en recoivent une
animation immediate. En revetant ce nouvel aspect, elle en prend le
caractere. Ses gestes ne sont plus desormais emprisonnes dans ses
voiles, et c'est avec toute la furie d'une femme embrasee des feux de
Venus, qu'apres avoir fait au fils de son epoux l'aveu de sa coupable
passion, ramenee a l'horrible realite, elle saisira le glaive
d'Hippolyte pour le tourner contre elle-meme.
Il est etonnant qu'on n'ait pas des longtemps senti la necessite des
modifications qui s'imposent dans le costume de Phedre, au premier et au
second acte. La raison en est certainement dans une fausse conception du
costume tragique. En voulant pousser trop loin l'unite de costume, on
cree, comme a plaisir, des contradictions entre l'aspect exterieur des
personnages et les sentiments qui les font agir. Or, au point de vue
theatral, de telles contradictions entrainent une diction defectueuse et
des gestes qui ne sont pas en situation. Entre l'aspect et le moral d'un
personnage, il y a un lien qu'il n'est pas permis de briser; car, au
theatre, prendre l'aspect physique d'un etre humain c'est, pour un
acteur, disposer son ame a avoir le sentiment de l'etat moral du
personnage et se rendre capable d'exprimer les passions qui l'agitent.
Si nous nous sommes etendu sur _Phedre_, cette tragedie n'est cependant
qu'un exemple entre beaucoup d'autres, qui nous a permis de mettre en
lumiere une loi generale de la mise en scene, relative au costume.
_Iphigenie en Aulide_ se fut aisement pretee a des remarques non moins
importantes. La mise en scene de cette tragedie, telle qu'elle est
actuellement reglee a la Comedie-Francaise, exigerait de nombreuses
corrections. Laissant de cote les dispositions sceniques, qui ne sont
pas toujours irreprochables, je ne dirai que quelques mots des costumes,
qu'on a tort de ne pas mettre d'accord avec la marche de l'action et
avec la situation des personnages.
Au second acte, Clytemnestre et Iphigenie doivent porter des costumes
simples; mais, si Clytemnestre, qui ne quitte pas la tente d'Agamemnon,
conserve jusqu'a la fin le meme vetement, il ne doit pas en etre de meme
d'Iphigenie, qui au troisieme acte doit paraitre le front couronne de
fleurs et enveloppee jusqu'aux pieds d'un voile d'une eblouissante
blancheur, dont au cinquieme acte, en s'abandonnant aux
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