de l'armee de
France et d'Allemagne, sous la conduite de Pierre l'hermite, et c'est celui
que l'auteur conseille au roi.
Mais quand on est en Hongrie on a deux routes a choisir: l'une par la
Bulgarie, l'autre par l'Esclavonie, qui fait partie du royaume de Rassie.
Godefroi de Bouillon, ses deux freres, et Baudouin, comte de Mons, prirent
la premiere. Raimond, comte de Saint-Gilles, et Audemare, eveque du Puy et
legat du Saint-Siege, prirent la seconde, quoique quelques auteurs
pretendent qu'ils suivirent celle d'Aquilee et de Dalmatie.
Si le roi adoptoit ce passage par terre, l'armee, arrivee en Hongrie,
pourrait se diviser en deux; et alors, pour la plus grande commodite des
vivres, chacune des deux parties suivroit un des deux chemins; savoir,
l'une, celui de la Bulgarie; l'autre, celui de l'Esclavonie. Le roi
prendroit la premiere route, comme la plus courte. Quant aux Languedociens
et Provencaux, qui sont voisins de l'Italie, il leur seroit permis d'aller
par Brindes et Otrante. Leur rendezvous seroit a Thessalonique, ou ils
trouveroint le corps d'armee, qui auroit pris par Aquilee.
A ces renseignemens sur les avantages et les inconveniens des des divers
passages, le dominicain en ajoute quelques autres sur les princes par les
etats desquels il faudra passer, et sur les ressources que fourniront ces
etats.
La Rassie est un pays fertile, dit il; elle a en activite cinq mines d'or,
cinq d'argent, et plusieurs autres qui portent or et argent. Il ne faudroit
pour la conquete de cette contree que mille chevaliers et six mille hommes
d'infanterie. Ce seroit un joyel (joyau) gracieux et plaisant a acquerir.
L'auteur veut qu'on ne fasse aucun traite d'alliance ni avec ce roi ni meme
avec l'empereur Grec; et, pour mieux motiver sont assertion, il rapporte
quelques details sur le personnel de ces princes, et principalement sur le
premier, qu'il dit etre un usurpateur.
Quant a l'autre, il demande non seulement qu'on ne fasse avec lui ni paix
ni treve, mais encore qu'on lui declare la guerre. En consequence il donne
des moyens pour assieger Constantinople, Andrinople et Thessalonique. Et
comme, d'apres ce qui es-arrive, il ne doute nullement de ce qui doit
arriver encore, c'est-a dire de la prise de Constantinople, il propose
divers reglemens pour gouverner l'empire d'Orient quand on l'aura conquis
une seconde fois, et pour le ramener a la religion Romaine.
Il termine ses avis directifs par avertir les croises de s
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