upeaux, tels que chameaux, chevres, vaches et
brebis.
Ces chevres, les plus belles que j'aie jamais vues, sont la plupart
blanches; elles n'ont point comme celles de Syrie, les oreilles pendantes,
et portent une laine longue douce et crepue. Les moutons ont de grosses et
larges queues. On y nourrit aussi des anes sauvages qu'on apprivoise et
qui, avec un poil, des oreilles et une tete pareils a ceux de cerf, ont
comme lui la pied fendu. J'ignore s'ils ont son cri, car je ne les ai point
entendus crier. Ils sont beaux, fort grands, et vont avec les autres betes;
mais je n'ai point vu qu'on les montat. [Footnote: Cet animal ne peut etre
un ane, puisqu'il a le pied fendu et que l'ane ne l'a point. C'est
probablement une espece de gazelle, ou plutot un bubale.]
Pour le transport de leurs marchandises, les habitans se servent de boeufs
et de buffles, comme nous nous servons de chevaux.
Ils les emploient aussi en montures; et j'en ai vu des troupes dans
lesquelles les uns etoient charges de marchandises, et les autres etoient
montes.
Le seigneur de ce pays etoit Ramedang, prince riche, brave et puissant.
Pendant longtemps il se rendit si redoutable que le soudan le craignois et
n'osoit l'irriter. Mais le soudan voulut le detruire, et dans ce dessein,
il s'entendit avec le karman, qui pouvoit mieux que personne tromper
Ramedang, puisqu'il lui avoit donne sa soeur en mariage. En effet, un jour
qu'ils mangoient ensemble, il l'arreta et le livra au soudan, qui le fit
mourrir et s'empara de la Turcomanie, dont cependant il donna un portion au
karman.
Au sortir d'Antioche, je repris ma route avec mon mamelouck; et d'abord
nous eumes a passer une montagne nommee Negre, sur laquelle on me montra
trois ou quatre beaux chateaux ruines, qui jadis avoient appartenu a des
chretiens. Le chemin est beau et sans cesse on y est parfume par les
lauriers nombreux qu'elle produit; mais la descente en est une fois plus
rapide que la montee. Elle aboutit au golfe qu'on nomme d'Asacs, et que
nous autres nous appellons Layaste, parce qu'en effet c'est la ville d'Ayas
qui lui donne son nom. Il s'etend entre deux montagnes, et s'avance dans
les terres l'espace d'environ quinze milles. Sa largeur a l'occident m'a
paru etre de douze; mais sur cet article je m'en rapporte a la carte
marine.
Au pied de la montagne, pres du chemin et sur le bord de la mer, sont les
restes d'un chateau fort, qui du cote de la terre etoit defendu par un
marecage
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