e mettre en garde
contre la prefidie des Grecs, ainsi que contre les Syriens, les Hassassins
et autres habitans de l'Asie. Il leur detaille une partie des pieges qu'on
leur tendra, et leur enseigne a s'en garantir.
Brochard, dans sa premiere partie, a conduit par terre jusqu'a
Constantinople l'ost de Nostre Seigneur, et il lui a fait prendre cette
ville. Dans la seconde il lui fait passer le detroit et le mene en Asie. Au
reste il connoissoit tres-bien ces contrees; et independamment de ses
vingt-quatre ans de sejour dans la Palestine, il avoit parcouru encore
l'Armenie, la Perse, l'empire Grec, etc.
Selon lui, ce qui, dans les croisades precedentes, avoit fait echouer les
rois de France et d'Angleterre, c'est que mal adroitement on attaquoit a la
fois et les Turcs et le soudan d'Egypte. Il propose de n'attaquer que les
premiers, et de n'avoir affaire qu'a eux seuls.
Pour le faire avec succes il donne des renseigemens sur la Turquie, nommee
Anachely (Anotolie) par les Grecs; sur la maniere de tirer par mer des
vivres pour l'armee; sur l'espoir bien fonde de reussir contre un peuple
necessairement abandonne de Dieu, parce que sa malice est accomplie; contre
un peuple qui interieurement est affoibli par des guerres intestines et par
le manque de chefs; dont la cavalerie est composee d'esclaves; qui, avec
peu de courage et d'industrie n'a que des chevaux petits et foibles, de
mauvaises armes, des arcs Turquois et des haubergeons de cuir qu'on
pourrait appeler des cuirasses [Footnote: Le haubert et le haubergeon
(sorte de haubert plus leger et moins lourd) etoient une sorte de chemise
en mailles de fer, laquelle descendoit jusqu'a micuisse. Les haubergeons
Turcs, au contraire, etoient si courts qu'on pouvoit selon l'auteur, les
qualifier du nom de cuirasses.]; contre un peuple enfin qui ne combat qu'en
fuyant, et qui, apres les Grecs et les Babyloniens, est le plus vil de tout
Orient, en fais d'armes.
L'auteur declare en finissant que dans tout cet Orient il n'est presque
aucune nation qu'il n'ait veue aller en bataille, et que la seule puissance
de France, sans nuls aydes quelsconques, peut defaire, non seulement les
Turcs et les Egyptiens [Footnote: Les Turcs et les Egyptiens! frere
Brochard, vous oubliez Louise-le-Jeune et saint Louis.], mais encore les
Tartres (Tatars) fors (excepte) les Indiens, les Arabes, et les Persains.
La collection de Bruxelles contient un autre exemplaire de l'Advis
directif, in fol pap
|