lise qu'on y avoit batie est entierement detruite,
et il n'en subsiste plus qu'une petite chose (case), la ou Nostre-Dame
estoit quand l'angele lui apparut.
De Nazareth j'allai au Thabor, ou fut faite la transfiguration de Notre
Seigneur, et plusieurs autres miracles. Mais comme les paturages y attirent
beaucoup d'Arabes qui viennent y mener leurs betes, je fus oblige de
prendre pour escorte quatre autres hommes, dont deux etoient Arabes
eux-memes.
La montee est tres-rude parce qu'il n'y a point de chemin; je la fis a dos
de mulet, et j'y employai deux heures. La cime se termine par un plateau
presque rond, qui peut avoir en longeur deux portees d'arc et une de large.
Jadis il fut enceient d'une muraille dont on voit encore des restes avec
des fosses, et dans le pourtour, en dedans du mur, etoient plusieurs
eglises, et specialement une ou l'on gagne encore, quoiqu'elle soit ruinee,
plain pardon de paine et de coulpe.
Au levant du Thabor, et au pied de la montagne, on apercoit Tabarie
(Tiberiade), au-dela de laquelle coule le Jourdain; au couchant est une
grande plaine fort agreable par ses jardins remplis de palmiers portant
dattes, et par de petits bosquets d'arbres, plantes comme des vignes, et
sur lesquels croit le coton. Au lever du soleil ceux-ci presentent un
aspect singulier. En voyant leurs feuilles vertes couvertes de coton, on
diroit qu'il a neige sur eux. [Footnote: Il est probable qu'ici le voyageur
s'est trompe. Le cotonnier a par ses feuilles quelque ressemblance avec
celles de la vigne. Elles sont lobees de meme; mais le coton nait dans des
capsules, et non sur des feuilles. On connoit en botanique plusieurs arbres
dont les feuilles sont couvertes a leur surface exterieure d'un duvet
blanc; mais on n'en connoit aucune qui produise du coton.]
Ce fut dans cette plaine que je descendis pour me reposer et diner; car
j'avois apporte des poulets crus et du vin. Mes guides me conduisirent dans
une maison dont le maitre, quand il vit mon vin, me prit pour un homme de
distinction et m'accueillit bien. Il m'apporta une ecuelle de lait, une de
miel, et une branche chargee de dattes nouvelles. C'etoit la premiere fois
de ma vie que j'en voyois. Je vis encore comment on travailloit le coton,
et pour ce travail les ouvriers etoient des hommes et des femmes. Mais la
aussi mes guides voulurent me ranconner, et, pour me reconduire a Nazareth
ou je les avois pris, ils exigerent de moi un marche nouveau.
Je n'avois
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