it au moins,
par la continuation de la Chronique de Nangis, que le monarque envoya in
terram Turcorum Jean de Cepoy et l'eveque de Beauvais avec quelque peu
d'infanterie ad explorandos portus et passus, ad faciendos aliquas
munationes et praeparationes victualium pro passagio Terre Sanctae; et
que la petite troupe, apres avoir remporte quelques avantages aussi
considerables que le permettoient ses foibles forces, revint en France l'an
1335. [Footnote: Spicil. t. II. p. 764.]
Au reste tout ce fracas d'armemens, de preparatifs et de menaces dont le
royaume retentit pendant quelques annees, s'evanouit en un vain bruit. Je
ne doute point que, dans les commencemens, le roi ne fut de bonne foi. Sa
vanite s'etoit laissee eblouir par un projet brillant qui alloit fixer sur
lui les yeux de l'Asie et de l'Europe; et les esprits mediocres ne savent
point resister a la seduction de pareilles chimeres. Mais bientot, comme
les caracteres foibles, fatigue des difficultes, il chercha des pretextes
pour se mettre a l'ecart; et dans ce dessein il demanda au pape des titres
et de l'argent, que celui-ci n'accorda pas. Alors on ne parla plus de
l'expedition; et tout ce qu'elle produisit fut d'attirer la colere et la
vengeance des Turcs sur ce roi d'Armenie, qui etoit venu en France
solliciter contre eux une ligue et des secours.
Au siecle suivant, la meme fanfaronnade eut lieu a la cour de Bourgogne,
quoique avec un debut plus serieux en apparence.
L'an 1432, cent ans apres la publication des deux ouvrages de Brochard,
plusieurs grands seigneurs des etats de Bourgogne et officiers du duc
Philippe-le-Bon font le pelerinage de la Terre-Sainte. Parmi eux est son
premier ecuyer tranchant nomme la Brocquiere. Celui-ci, apres plusieurs
courses devotes dans le pays, revient malade a Jerusalem, et pendant sa
convalescence il y forme le hardi projet de retourner en France par la voie
de terre. C'etoit s'engager a traverser toute la partie occidentale d'Asie,
toute l'Europe orientale; et toujours, excepte sur la fin du vovage, a
travers la domination musulmane. L'execution de cette entreprise, qui
aujourd'hui meme ne seroit point sans difficultes, passoit alors pour
impossible. En vain ses camarades essaient de l'en detourner: il s'y
obstine; il part, et, apres avoir surmonte tous les obstacles, il revient,
dans le cours de l'annee 1433, se presenter au duc sous le costume
Sarrasin, qu'il avoit ete oblige de prendre, et avec le chev
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