ta fremit. Quel acces de generosite prenait donc le roi? Allait-il
faire grace aussi a Pardaillan? A son tour elle fixa le roi comme
si elle eut voulu aider, de toute sa volonte tenace, la volonte de
d'Espinosa.
Mais Philippe ne songeait pas a etendre sa mansuetude jusque sur le
chevalier. Il repondit donc vivement:
--Pour celui-la, je vous l'abandonne. On pourrait toutefois remettre a
plus tard son execution.
Rudement, d'Espinosa dit:
--Le sire de Pardaillan a trop longtemps attendu le chatiment du a son
insolence. Ce chatiment ne saurait etre differe plus longtemps. Il y va
de la majeste royale, a laquelle, moi vivant, nul ne pourra attenter
sans payer ce crime de sa vie.
Le roi hocha la tete. Il ne paraissait pas tres convaincu. Alors
d'Espinosa, faisant peser son oeil scrutateur sur Fausta:
--Ce n'est pas tout, sire. Mme la princesse Fausta pourra vous dire que
je n'invente ni n'exagere rien.
--Moi! fit Fausta surprise. En quoi mon temoignage peut-il vous etre
utile?
--Vous allez le savoir, madame. Des traitres, des fous se sont trouves,
qui ont fait ce reve insense de se revolter contre leur roi, de soulever
le pays, de dechainer la guerre civile et de pousser sur le trone ce
jeune homme precisement sur le sort duquel vous avez la faiblesse de
vous apitoyer, sire.
--Par le sang du Christ! cardinal, pesez bien vos paroles! Vous jouez
votre tete, monsieur! dit le roi presque a voix haute.
--Je le sais, dit froidement d'Espinosa.
--Et vous dites? Repetez! grinca Philippe.
--Je dis, gronda d'Espinosa, qu'un complot a ete fomente contre la
couronne, contre la vie peut-etre du roi. Je dis que ce complot doit
eclater ici meme, dans un instant. Je dis que ceci merite un chatiment
exemplaire, terrible, dont il soit parle longtemps. Je dis que toutes
mes dispositions sont prises pour la repression. Et j'en appelle au
temoignage de la princesse Fausta ici presente.
Si maitresse d'elle-meme qu'elle fut, Fausta ne put s'empecher de jeter
autour d'elle ce regard du noye qui cherche a quelle branche il pourra
se raccrocher.
"D'Espinosa sait tout..., songea-t-elle. Comment? Par qui? Peu importe.
Il se sera trouve parmi les conjures quelque traitre qui, pour un titre,
pour un peu d'or, n'a pas hesite a nous trahir tous. Je vais etre
arretee. Je suis perdue, irremediablement. Que n'ai-je amene mes trois
braves Francais!... Du moins ne mourrais-je pas sans combat!"
Ces reflexions passerent dans son
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