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coup, Pardaillan entendit le grincement comme feutre de plusieurs scies. Et il vit que quelques-uns de ces etranges ouvriers s'occupaient a scier les poteaux de la barriere. Il comprit que ces hommes, jugeant la porte trop etroite, pratiquaient une breche dans la palissade, tandis que les autres s'efforcaient de masquer cette bizarre occupation. Il devisagea plus attentivement ceux qui l'environnaient, et, avec cette memoire merveilleuse dont il etait doue, il reconnut quelques visages entrevus l'avant-veille a la reunion presidee par Fausta. Et il comprit tout. "Par Dieu! fit-il avec satisfaction, voici la garde d'honneur que Fausta destine a son futur roi d'Espagne, ou je me trompe fort. Allons, mon petit prince sera bien garde, et je crois decidement qu'il se tirera sain et sauf du guepier ou il s'est jete inconsiderement. Ces gens-la, le moment venu, jetteront bas la palissade qu'ils viennent de scier, et, au meme instant, ils entoureront celui qu'ils ont mission de sauver. Tout va bien." Tout allait bien pour le Torero. Pardaillan aurait peut-etre du se demander si tout allait aussi bien pour lui-meme. Il n'y pensa pas. A l'inverse de bien des gens, toujours disposes a s'accorder une importance qu'ils n'ont pas, notre heros etait peut-etre le seul a ne pas connaitre sa valeur reelle. Il etait ainsi fait, nous n'y pouvons rien. "Tout va bien!" avait-il dit en songeant au Torero. Ayant juge que tout allait bien, il se desinteressa en partie de ce qui se passait autour de lui pour admirer les passes merveilleuses d'audace et de sang-froid de don Cesar, arrive a l'instant critique de sa course, c'est-a-dire adosse a la porte de sortie ou il avait fini par attirer le taureau qui, dans un instant, foncerait pour la derniere fois sur lui et irait s'enfermer lui-meme dans l'etroit boyau menage a cet effet. A moins que le Torero ne put eviter le coup et ne payat de sa vie, au moment supreme d'en finir, sa trop persistante temerite. C'etait, en effet, la fin. Quelques minutes encore et tout serait dit. L'homme sortirait vainqueur de sa longue lutte ou tomberait, frappe a mort. Aussi, les milliers de spectateurs haletants n'avaient d'yeux que pour lui. Pardaillan fit comme tout le monde et regarda attentivement. Et, tout a coup, averti par quelque mysterieuse intuition, il se retourna et apercut a quelques pas de lui Bussi-Leclerc qui, avec un sourire mauvais, le regardait comme une proie couvee. "Mor
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