maintenant que
je vous ai montre ce que complotent les braves gens sur le sort de qui
il vous plait de vous apitoyer, je vais, me conformant aux volontes du
roi, annuler les ordres que j'ai donnes, leur laisser le champ libre,
leur donner toutes les facilites pour l'execution de leur forfait.
Et, sans attendre de reponse, il se dirigea d'un pas rude et violent
vers la sortie.
--Arretez, cardinal! cria le roi.
D'Espinosa attendait cet ordre; il etait sur que son maitre, le
lancerait. Sans hate, sans joie, sans triompher, il se retourna
posement, avec un tact admirable, ne montrant ni trop de hate ni trop de
lenteur, et, tres calme, comme toujours, comme si rien ne s'etait passe,
il revint se placer derriere le fauteuil du roi.
--Monsieur le cardinal, dit Philippe d'une voix assez forte pour que
tout le monde l'entendit dans la loge, vous etes un bon serviteur, et
nous n'oublierons pas le signale service que vous nous rendez en ce
jour.
D'Espinosa s'inclina profondement. Il avait obtenu la reparation qu'il
esperait.
--Faites commencer la joute de ce Torero tant repute, ajouta le roi. Je
suis curieux de voir si le drole merite la reputation qu'on lui fait en
Andalousie.
X
LE TRIOMPHE DU CHICO
LE Torero etait sur la piste. Il tenait dans sa main gauche sa cape de
satin rouge; dans sa main droite il tenait son epee de parade.
Cette cape etait une cape speciale, de dimensions tres reduites. Quant a
l'epee, dont, jusqu'a ce jour, il n'avait jamais fait usage, malgre
les apparences, c'etait une arme merveilleuse, flexible et resistante,
sortie des ateliers d'un des meilleurs armuriers de Tolede.
Pres de lui se tenaient ses deux aides et le nain Chico. Tous les
quatre etaient pres de la porte d'entree, le Torero s'entretenant avec
Pardaillan, lequel avait manifeste son intention d'assister a la course
a cet endroit qui lui paraissait bien place pour intervenir, le cas
echeant.
Pres de cette porte d'entree, le couloir etait encombre par une foule de
gens qui paraissaient faire partie du personnel nombreux engage pour la
circonstance.
Ni Pardaillan ni le Torero ne preterent la moindre attention a ceux qui
se trouvaient la et qui, sans aucun doute, avaient le droit d'y etre.
Le moment etant venu d'entrer en lice, le Torero serra la main du
chevalier et il alla se placer au centre de la piste, face a la porte
par ou devait sortir le taureau dont il aurait a soutenir le choc. Ses
deux aides et s
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