nce cachait quelque coup de
traitrise.
Il jeta autour de lui un coup d'oeil circulaire comme pour s'assurer
qu'on n'allait pas le charger a l'improviste, par-derriere.
Mais non, les soldats attendaient, raides et immobiles, qu'on leur
donnat des ordres, et les officiers, de leur cote, semblaient se
guider sur Bussi. Il secoua la tete pour chasser les pensees qui
l'importunaient, et, de sa voix mordante:
--Et, si je vous disais que, dans les conditions ou il se produit, il ne
me convient pas d'accepter votre defi?
--En ce cas, je dirai, moi, que vous vous etes vante en pretendant
m'avoir desarme. Je dirai--continua Bussi en s'animant--que le sire de
Pardaillan est un fanfaron, un bravache, un hableur, un menteur. Et,
s'il le faut absolument, pour l'amener a se battre, j'aurai recours
au supreme moyen, celui qu'on n'emploie qu'avec les laches, et je le
souffletterai de mon epee, ici, devant vous tous qui m'entendez et nous
regardez!
Et, ce disant, Bussi-Leclerc fit un pas en avant et leva sa rapiere
comme pour en cingler le visage du chevalier.
Et, il y avait dans ce geste, dans cette provocation inouie, adressee a
un homme virtuellement prisonnier, quelque chose de bas et de sinistre
qui amena un murmure de reprobation sur les levres de quelques
officiers.
Mais Bussi-Leclerc, emporte par la colere, ne remarqua pas cette
reprobation.
Quant a Pardaillan, il se contenta de lever la main, et ce simple geste
suffit pour que le maitre d'armes n'achevat pas le sien. D'une voix
blanche qui fit passer un frisson sur la nuque du provocateur:
--Je tiens le coup pour recu, dit froidement Pardaillan.
Et, faisant deux pas en avant, placant le bout de son index sur la
poitrine de Bussi:
--Jean Leclerc, dit-il avec un calme effrayant, je vous savais vil et
miserable, je ne vous savais pas lache. Vous etes complet maintenant.
Le geste que vous venez d'esquisser, vous le paierez de votre sang.
Tiens-toi bien, Jean Leclerc, je vais te tuer!
Alors, ses yeux tomberent sur le fer qu'il avait a la main. C'etait
cette epee qui n'etait pas a lui, cette epee qu'il avait ramassee au
cours de sa lutte avec Centurion et ses hommes, cette epee qui lui avait
paru suspecte au point qu'il avait discute un moment avec lui-meme pour
savoir s'il ne ferait pas bien de retourner la changer.
Et voila qu'en se voyant ce fer a la main ses soupcons lui revenaient
en foule, et une vague inquietude l'envahissait. Et il lui semblait qu
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