ats. Il avait donc neglige d'occuper ces
coulisses. C'etait precisement sur quoi comptait Fausta.
Ces coulisses, elle les avait occupees, elle. Partout, des groupes
d'hommes a elle etaient postes. On se passa le Torero de main en main
jusqu'a ce qu'il fut amene devant une maison qui appartenait a l'un des
conjures.
Malgre lui, on le porta dans cette maison, et, sans savoir comment, il
se trouva dehors, dans une rue etroite, derriere des troupes nombreuses
qui gardaient cette rue, avec mission d'empecher de passer quiconque
tenterait de sortir de la place.
Comme toujours en pareille circonstance, les soldats gardaient
scrupuleusement ce qui etait devant eux et ne s'occupaient pas de ce qui
se passait sur leurs derrieres.
L'obstacle franchi, de nouveaux postes appartenant a Fausta se
trouvaient echelonnes de distance en distance, dans des abris surs, et
le Torero, ecumant, fut conduit ainsi en un clin d'oeil hors de la ville
et enferme, pour plus de surete, dans une chambre qui prenait toutes les
apparences d'une prison.
Pourquoi le Torero s'etait-il efforce d'echapper aux mains de ceux qui
le sauvaient ainsi malgre lui et malgre sa resistance desesperee?
C'est qu'il pensait a la Giralda.
Dans la prodigieuse aventure qui lui arrivait, il n'avait songe qu'a
elle. Tout le reste n'avait pour ainsi dire pas existe pour lui. Et, en
se debattant entre les mains de ceux qui l'entrainaient, dans son esprit
exaspere, cette clameur retentissait sans cesse:
"Que va-t-elle devenir? Dans l'effroyable bagarre que je pressens, quel
sort sera le sien?"
Ce qui etait arrive a la Giralda, nous allons le dire en peu de mots:
Lorsque les troupes royales s'etaient massees devant la foule, qu'elles
tenaient sous la menace de leurs arquebuses, la Giralda, au premier
rang, se trouvait une des plus exposees, et, a moins d'un hasard
providentiel, elle devait infailliblement tomber a la premiere decharge.
Tres etonnee, mais non effrayee, parce qu'elle ne soupconnait pas
la gravite des evenements, elle s'etait dressee instinctivement en
s'ecriant:
"Que se passe-t-il donc?"
Un des galants cavaliers, qui l'avaient poussee a cette place
privilegiee, repondit, obeissant a des instructions prealables:
--On veut arreter le Torero. C'est une operation qui rencontrera
quelques difficultes, car ils sont la des milliers d'admirateurs resolus
a l'entraver de leur mieux. Si vous voulez m'en croire, demoiselle, vous
ne resterez pas
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