un instant de plus ici. Il va pleuvoir des horions dont
beaucoup seront mortels.
De tout ceci, la Giralda n'avait retenu qu'une chose: on voulait arreter
le Torero.
--Arreter Cesar! s'ecria-t-elle. Pourquoi? Quel crime a-t-il commis?
Et, n'ecoutant que son coeur amoureux, sans reflechir, elle avait voulu
s'elancer, courir au secours de l'aime, lui faire un rempart de son
corps, partager son sort quel qu'il fut.
Mais, tous ceux qui l'environnaient, y compris les deux soldats en
sentinelle a cet endroit, etaient places la uniquement a son intention a
elle.
Tous ces hommes etaient les acolytes de Centurion, renforces pour la
circonstance.
La Giralda ne put meme pas faire un pas. D'une part, les deux soldats se
jeterent en meme temps devant elle pour lui barrer le chemin; d'autre
part, le meme cavalier empresse la saisit au poignet d'une main robuste,
et, disant sur un ton qu'il s'efforcait de rendre courtois:
--Ne bougez pas, demoiselle. Vous vous perdriez inutilement.
--Laissez-moi! cria la Giralda en se debattant.
Et, prise d'une inspiration soudaine, elle se mit a crier de toutes ses
forces:
--A moi! On violente la Giralda... la fiancee du Torero!
Cet appel ne faisait pas l'affaire des sacripants qui avaient mission
de l'enlever. La Giralda, criant son nom, aussi populaire que celui du
Torero, la Giralda, se reclamant de son titre de fiancee en semblable
occurrence, avait des chances d'ameuter la foule contre les hommes de
Centurion, qui n'etaient pas precisement en odeur de saintete aux yeux
du populaire.
Le galant cavalier, qui etait le sergent de Centurion et comme tel
commandait en son absence, comprit le danger. Il eut, a son tour, une
inspiration, et, la lachant aussitot, il dit en faisant des graces qu'il
croyait irresistibles:
--Loin de moi la pensee de violenter l'incomparable Giralda, la perle de
l'Andalousie. Mais, senorita, aussi vrai que je suis gentilhomme et que
don Gaspar Barrigon est mon nom, vous iriez au-devant d'une mort
aussi certaine qu'inutile en courant par la. Montez sur cet escabeau.
Voyez-vous les partisans du Torero qui l'enlevent au nez et a la barbe
des soldats charges de l'arreter?
--Sauve! s'ecria la Giralda, qui avait obei machinalement a don Gaspar
Barrigon, puisque tel etait son nom.
Et, sautant lestement a terre, elle ajouta:
--Il faut que je le rejoigne a l'instant.
--Venez, senorita, s'empressa de dire Barrigon; sans moi, vous ne
passerez jam
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