pousses par
l'enthousiasme de sa victoire, mais en realite pour lui faire un rempart
de leurs corps.
A ce moment aussi, les soldats, masses dans le couloir circulaire,
quittaient leur retraite, se portaient sur la piste et se massaient en
colonnes profondes, la meche de leurs arquebuses allumee, prets a faire
feu devant les rangs serres du populaire surpris de cette manoeuvre
imprevue.
En meme temps, un officier, a la tete de vingt soldats, se dirigeait a
la rencontre du Torero.
Mais celui-ci etait deborde par ceux qui avaient jete bas la barriere et
qui, malgre sa resistance acharnee, car il ne comprenait pas encore ce
qui lui arrivait, l'entrainaient dans la direction opposee a celle ou il
voulait aller.
En sorte que l'officier, qui pensait se trouver en face d'un homme seul,
qu'il avait mission d'arreter, l'officier, qui avait trouve quelque peu
ridicule qu'on l'obligeat a prendre vingt hommes avec lui, commenca de
comprendre que sa mission n'etait pas aussi aisee qu'il l'avait cru tout
d'abord et se trouva ridicule maintenant d'etre oblige de courir apres
un groupe compact, deux fois plus nombreux que ses hommes, et qui lui
tournait le dos avec les allures decidees de gens qui ne paraissent pas
disposes a se laisser faire.
Voyant que celui qu'il avait mission d'arreter allait lui glisser entre
les doigta, l'officier, pale de fureur, ne sachant a quel expedient se
resoudre pour mener a bien sa mission, persuade que tout le monde
devait avoir, comme lui, le respect de l'autorite dont il etait le
representant, l'officier se mit a crier d'une voix de stentor:
"Au nom du roi!... Arretez!"
Ayant dit, il crut naivement qu'on allait obtemperer et qu'il n'aurait
qu'a etendre la main pour cueillir son prisonnier.
Malheureusement pour lui, les gens qui se devouaient ainsi qu'ils
le faisaient n'avaient pas le sens du respect de l'autorite. Ils ne
s'arreterent donc pas.
Bien mieux, a l'invite brutale de l'officier, qui s'arrachait de
desespoir les poils de sa moustache grisonnante, ils repondirent par un
cri imprevu, qui vint atteindre, comme un soufflet violent, le roi qui
assistait, impassible, a cette scene:
"Vive don Carlos!"
Ce cri, que nul n'attendait, tomba sur les gens du roi comme un coup de
masse qui les effara.
Et, comme si ce cri n'eut ete qu'un signal, au meme instant des milliers
de voix vocifererent en precisant plus explicitement:
"Vive le roi Carlos! Vive notre roi!"
Et, comme c
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