de lui parler, et, la
faisant siffler, il hurla, les yeux hors de l'orbite:
--Miserable fanfaron!
Avec un supreme dedain, Pardaillan haussa les epaules et continua:
--Vous m'avez demande, je crois, ou je courais tout a l'heure... Ma foi,
Jean Leclerc, je conviens que, si j'avais voulu vous attraper, quand
vous avez fui devant mon epee, il m'aurait fallu, non pas courir, mais
voler, plus rapide que le tourbillon! Et j'y songe, vous vous croyez un
maitre et vous l'etes en effet: un maitre fuyard!
Tout ceci n'empechait pas Pardaillan de surveiller du coin de l'oeil le
mouvement de troupes qui se dessinait autour de lui.
En effet, cependant que Bussi-Leclerc s'efforcait de faire bonne
contenance sous les douloureux coups d'epingle que lui prodiguait
Pardaillan, comme s'il n'etait venu la que pour detourner son attention
en excitant sa verve, les soldats, eux, prenaient position.
Il en sortait de partout. C'etait a-se demander ou ils s'etaient terres
jusque-la.
Pardaillan se trouvait dans le couloir circulaire, large de plus d'une
toise. Il avait a sa gauche la barriere qui avait ete jetee bas, en
partie. Par-dela la barriere, c'etait la piste. En face de lui, c'etait
le couloir qui tournait sans fin autour de la piste.
En allant par la, droit devant lui, il eut abouti a l'endroit reserve
au populaire. Derriere lui, c'etait toujours le meme couloir, ayant
en bordure les gradins occupes par les gens de noblesse. Enfin, a sa
droite, il y avait un large couloir aboutissant a l'endroit ou se
dressaient les tentes des champions.
Or, tandis qu'il accablait Bussi-Leclerc de ses sarcasmes, sur la piste,
a sa gauche, une deuxieme, puis une troisieme compagnie etaient venues
se joindre a la premiere et s'etaient placees la en masses profondes.
Environ quatre cents hommes se trouvaient la.
Bien qu'ils fussent moins nombreux dans le couloir que sur la piste, les
soldats paraissaient, au contraire, etre en nombre plus considerable.
Cela tenait a ce que les troupes, manquant de front pour se deployer,
s'etendaient en profondeur.
Essayer de se frayer un chemin, a travers les vingt ou trente rangs de
profondeur, eut ete une entreprise chimerique, au-dessus des forces
humaines, qui ne pouvait etre tentee, meme par un Pardaillan.
Enfin, a sa droite, ou il eut pu, comme sur la piste, trouver assez
d'espace pour non pas tenter une defense impossible, mais essayer de
battre en retraite en se defilant parmi les tentes
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