tat de choses. Il fallait se porter en forces sur
la droite et le centre de l'armee autrichienne, la chasser du sommet de
l'Apennin, et lui enlever les cretes superieures. On la separait ainsi
de Colli, et, marchant rapidement le long de ces cretes, on enfermait sa
gauche dans le bassin de Loano, entre les montagnes et la mer. Massena,
l'un des generaux divisionnaires, avait entrevu ce plan, et l'avait
propose a Kellermann. Scherer l'entrevit aussi, et resolut de
l'executer.
Dewins, apres avoir fait quelques tentatives pendant les mois d'aout et
de septembre sur notre ligne de Borghetto, avait renonce a toute attaque
pour cette annee. Il etait malade, et s'etait fait remplacer par Wallis.
Les officiers ne songeaient qu'a se livrer aux plaisirs de l'hiver, a
Genes et dans les environs. Scherer, apres avoir procure a son armee
quelques vivres et vingt-quatre mille paires de souliers, dont elle
manquait absolument, fixa son mouvement pour le 2 frimaire (23
novembre). Il allait avec trente-six mille hommes en attaquer
quarante-cinq; mais le bon choix du point d'attaque compensait
l'inegalite des forces. Il chargea Augereau de pousser la gauche des
ennemis dans le bassin de Loano; il ordonna a Massena de fondre sur leur
centre a Rocca-Barbenne, et de s'emparer du sommet de l'Apennin; enfin,
il prescrivit a Serrurier de contenir Colli, qui formait la droite, sur
le revers oppose. Augereau, tout en poussant la gauche autrichienne dans
le bassin de Loano, ne devait agir que lentement; Massena, au contraire,
devait filer rapidement le long des cretes, et tourner le bassin de
Loano, pour y enfermer la gauche autrichienne; Serrurier devait tromper
Colli par de fausses attaques.
Le 2 frimaire au matin (23 novembre 1795), le canon francais reveilla
les Autrichiens, qui s'attendaient peu a une bataille. Les officiers
accoururent de Loano et de Finale se mettre a la tete de leurs troupes
etonnees. Augereau attaqua avec vigueur, mais sans precipitation. Il
fut arrete par le brave Roccavina. Ce general, place sur un mamelon, au
milieu du bassin de Loano, le defendit avec opiniatrete, et se laissa
entourer par la division Augereau, refusant toujours de se rendre.
Quand il fut enveloppe, il se precipita tete baissee sur la ligne qui
l'enfermait, et rejoignit l'armee autrichienne, en passant sur le corps
d'une brigade francaise.
Scherer, contenant l'ardeur d'Augereau, l'obligea a tirailler devant
Loano, pour ne pas pousser les Autr
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