ttee, entre le fin laboureur Germain, qui
va chercher femme a Fourche, et la petite Marie, qui s'en va bergere aux
Ormeaux; deux personnages episodiques, mais non etrangers a l'action,
Petit-Pierre, qui voudrait bien avoir Marie pour seconde mere, et la
Grise, une bonne et belle jument qu'on aime comme si elle etait une
personne; le bivouac improvise sous les grands chenes et ou la nuit se
passe tout gentiment, pour Marie, a jaser et a dormir, pour Germain, a
causer et a rever; une emotion bien vite reprimee par le brave paysan
devant tant d'innocence et de candeur, et, ce qui vaut mieux, un bon
projet de mariage qui germe dans sa tete et qu'il remportera demain a la
ferme, voila tout; ce n'est rien, et ce _rien_ restera dans notre
litterature d'imagination parmi les oeuvres accomplies, nees sous un
rayon propice, et consacrees. La poesie est le talisman de Mme Sand; des
qu'elle y touche, la sympathie renait et les mauvais reves avec l'ennui
s'enfuient.
Cette veine d'innocence et de poesie renouvelees devait porter bonheur a
Mme Sand. Apres s'etre efforcee d'oublier M. de Boisguilbault et son
communisme dans les brillantes aventures de son _Piccinino_, elle revint
avec amour a la veine d'or ou elle avait deja recueilli un tresor de
grace et de sentiment: elle y puisa _Francois le Champi_. On eut peur en
ouvrant le livre. On avait apercu, parmi les premieres lignes, quelques
mots de funeste augure, je ne sais quelle theorie de la connaissance, de
la sensation et de leur rapport qui est le sentiment, et l'on tremblait
que M.P. Leroux n'eut repandu les lumieres troublees de sa psychologie
sur cette oeuvre nouvelle. On se rassura bien vite. On respira en
s'apercevant que cette page etait absolument un hors-d'oeuvre, une
derniere concession a l'amitie. On respira, mais l'alerte avait ete
chaude. Il restait un roman berrichon de la tete aux pieds. Mme Sand
avait plie son beau style a cette fantaisie du langage rustique, imite
dans ses dernieres finesses et saisi dans tout son naturel, pour
raconter l'histoire de ce brave Champi, de la bonne Madelon, de leur
bucolique amitie a l'ombre du moulin, amitie de mere de la part de
Madelon, amitie de fils de la part de Champi, mais qui se change avec
les evenements et les annees en une tendresse bien vive et qui les mene,
l'un donnant le bras a l'autre, jusqu'a l'eglise du village, avec le
petit Jeannie derriere eux, souriant de son plus fin sourire: ne
faut-il pas bien souvent un _A
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