s deux fois, elle avait eu
deux precieux collaborateurs: pour la premiere piece, Sedaine; pour la
seconde, Alexandre Dumas fils.
Pendant cette periode, disputee au roman et en partie usurpee par des
tentatives dramatiques, Mme Sand n'abandonnait pas la voie que lui
montrait sa vraie vocation.
IV
Elle donnait successivement: des romans du genre historique, comme _les
Beaux Messieurs de Bois-Dore_, dont etait sortie presque aussitot la
piece du meme nom, cette etrange hallucination, ce reve retrospectif sur
les amours et la religion antediluviennes, qu'elle a intitule _Evenor et
Leucippe_; quelques romans agreables, comme _la Filleule_, _Adriani_,
_Mont-Reveche_, qui nous semblent particulierement significatifs par la
peinture tres vive et tres soignee des caracteres, par la gracieuse
variete des situations, par le mouvement de l'intrigue et surtout par le
desinteressement tres marque de toute theorie sociale, le parti pris de
revenir a sa conception primitive du roman, pur de toute preoccupation
etrangere[5].
Les bucoliques ne peuvent durer toujours. Elles avaient valu a Mme Sand
un regain de succes et une popularite qui avait monte pendant quelque
temps jusqu'au ton de l'enthousiasme; on avait pu craindre un instant
qu'elle ne se s'attardat dans ces paysanneries qui l'avaient si
heureusement affranchie de la haineuse politique. Aussi ce fut avec un
grand plaisir qu'on la vit revenir a la veritable patrie du roman, la
societe tout entiere, dans sa complexite infinie, aujourd'hui, mais pas
pour longtemps, parmi les ouvriers de la Ville-Noire, hier dans le salon
bourgeois et puritain des Obernay, avant-hier dans l'aristocratique
boudoir de la vieille marquise de Villemer ou sur les montagnes de
l'Auvergne.
Dans la longue serie des oeuvres qui couronnent d'une flamme vive
encore, bien que par instants palissante, les derniers travaux de Mme
Sand, deux surtout meritent de fixer l'attention de la posterite, _Jean
de la Roche_ et _le Marquis de Villemer_. Je viens de relire ces deux
romans et je suis retombe sous le charme d'autrefois. Je l'ai senti
presque aussi vif et penetrant. Combien y en a-t-il, parmi les oeuvres
de pure imagination, qui resistent a l'epreuve d'une seconde journee
quand elles ont perdu pour nous l'attrait de l'inconnu et cette premiere
fleur de la nouveaute, souvent si fragile et si artificielle?
Ces deux oeuvres sont de la meilleure maniere de George Sand, avec le
progres que l'experienc
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