ervalle de repos ni de fatigue. Songes d'une nuit
d'ete, reveries d'une journee de printemps, on ne sait de quel nom
designer ces fictions magiques, qui vous tiennent comme suspendus dans
un monde legerement ideal, ou tout succede au voeu de l'auteur avec une
complaisance des evenements et une docilite des personnages qu'on ne
trouve pas toujours en ce monde. _Le Secretaire intime_ est une
fantaisie "qui lui est venue apres avoir relu les _Contes fantastiques_
d'Hoffmann"; il a garde quelque chose de son origine. Tout est
invraisemblable dans cette principaute batie entre ciel et terre, aux
ordres de cette souveraine enigmatique et ravissante, Quintilia
Cavalcanti, tour a tour folle du luxe et du plaisir, et adonnee au plus
serieux labeur de la pensee, soupconnee des plus noirs crimes d'amour,
une Marguerite de Bourgogne qui se montre dans un cadre enchante, puis
tout a coup revelee a travers les aventures les plus contraires comme
une epouse admirable, vertueuse et fidele a un epoux qu'elle adore dans
l'_incognito_ de son exil errant. L'amour legitime avec des airs
d'aventurier! Quel reve enfin realise par Mme Sand! C'est la seule
maniere, a ce qu'il parait, de faire supporter le mariage. Et que
d'epreuves pour le jeune comte de Saint-Julien, jete en plein mystere
par un hasard de voyage, admis sur le grand chemin dans le carrosse de
la princesse, au grand deplaisir de la lectrice et de l'abbe, a la
stupefaction de la petite cour fabuleuse et agitee ou il debarque comme
un evenement, puis montant en grade et en faveur avec une rapidite qui
lui donne le vertige, et dans ce vertige fatal concevant un impossible
amour qui le mene au bord des plus grands perils. Le denouement arrive.
L'heureux epoux, le mysterieux Marx, sauve Julien de ses imprudences.
Notre heros sort de cette feerie, tour a tour ravi, epouvante, humilie,
meurtri. La guerison ne viendra que plus tard, apres la maladie de
rigueur, qui suit les grandes defaillances, et le retour dans sa
famille, ou il rapportera une imagination plus calme, une ame plus
indulgente et le souvenir, le reve plutot des aventures dont il a eu
pendant une annee le spectacle eblouissant et tragique devant les yeux.
Il n'y a pas de bon sens dans cette fable. Mais quelle jolie suite aux
_Contes_ d'Hoffmann! C'est ainsi qu'un grand artiste imite et s'inspire.
C'est de la meme source de romanesque heureux qu'est sorti _Teverino_.
Il arrive ainsi bien souvent a George Sand, lasse de la
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