mme un adieu
a la politique orageuse et un engagement, pris a demi-voix, de s'en
tenir desormais a des reves plus doux. _La Petite Fadette_ fut le
premier gage de la reconciliation de Mme Sand avec son genie. Dans ces
annees inquietes, dans ces heures incertaines dont chacune apportait un
peril ou une menace, une discorde nouvelle entre les chefs des partis et
un fremissement des masses, avec quelle joie on echappait aux anxietes
de cette vie precaire en suivant Mme Sand dans les _traines_ fleuries,
vers la riviere qui s'endort la-bas, sous les branchages! Que de larmes
melees de sourires, un peu par contraste avec les evenements, firent
couler l'amitie des deux _bessons_ de la Bessonniere, la jalousie de
Sylvinet, la tendresse etonnee d'abord, bientot emue et vive, du beau
Landry pour la Fadette, la gentillesse croissante de la Fanchon,
transformee par le charme magique d'un amour vrai! Ce fut un succes de
grace renaissante. Les plus beaux jours du talent etaient revenus,
l'emotion publique les reconnaissait et les saluait. C'est a la meme
source d'inspiration champetre qu'il faut rapporter quelques oeuvres,
plus voisines de nous par le temps, comme les _Maitres sonneurs_, un
recit bien original, et _les Visions de la nuit dans les campagnes_,
piquante fantaisie d'une imagination qui aime a traduire les naives
terreurs, les superstitions et les legendes, non sans s'emouvoir
elle-meme de ces jeux de la peur, qui sont la poesie de minuit et le
drame nocturne des champs.
Vers cette epoque, la passion du theatre, qui avait ete tres vive chez
Mme Sand, se reveilla avec une force nouvelle. L'effort infructueux de
_Cosima_ avait irrite cette passion plus encore qu'elle ne l'avait
decouragee. _Gabrielle_, _les Sept Cordes de la Lyre_, les
_Mississipiens_ avaient ete comme un spectacle ideal que Mme Sand avait
donne a son imagination. Dans sa studieuse retraite de Nohant, sa
recreation la plus chere, avec ses enfants et ses amis, etait, nous le
verrons plus tard, un theatre de fantaisie, ou chacun, sur un scenario
prepare d'avance, apportait la verve improvisee de son esprit ou la
malice piquante de sa raison, sa melancolie ou sa gaiete.--En 1849 elle
fit jouer sa comedie pastorale de _Francois le Champi_. Nous ne la
suivrons pas longuement dans cette voie nouvelle, dans laquelle l'auteur
ne rencontrera jamais un succes egal a son merite, a son effort, a son
visible desir de bien faire. Le tour particulier de son talent, amour
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