nt ce que nous craignons! Des travailleurs
socialistes francais marcheront dans les rangs contre des travailleurs
socialistes allemands, enregimentes, a leur tour, pour egorger leurs
freres francais. Ceci devrait a tout pris etre evite, et qu'on le trouve
mauvais ou non, qu'on nous traite d'anarchiste ou de tout ce que l'on
voudra, nous n'en dirons pas moins que tous ceux qui se placent sur le
meme terrain que Bebel ont des idees chauvines et sont bien eloignes du
principe internationaliste qui caracterise le socialisme.
Est-ce que, par hasard, la Prusse serait autre chose qu'un royaume de
proie? N'a-t-elle pas participe au demembrement de la Pologne pour
s'emparer d'une partie du butin? (Que la Russie ait eu la part du lion,
cela ne change rien a la chose et cela fut ainsi uniquement parce que la
Prusse n'etait pas assez forte pour l'avoir pour elle.) Et n'a-t-elle
pas egalement arrache l'Alsace-Lorraine a la France? Au lieu de faire
une Allemagne unitaire, ou toutes les nuances diverses se confondraient,
on a prussifie l'empire germanique et non pas germanise la Prusse. Et un
tel pays aurait la pretention de passer aux yeux de l'univers comme le
rempart de la liberte!!!
Certes, si la Russie etait victorieuse, cela serait un desastre pour la
civilisation. Mais si la Prusse sortait triomphante de la lutte, cela
vaudrait-il beaucoup mieux? Est-ce que, dans ce pays, la
"militarisation" de l'administration n'imprime pas sur tout le monde son
cachet insupportablement autoritaire? C'est ce qui creve les yeux de
tous ceux qui visitent l'Allemagne. Engels dit bien qu'en cas de
victoire, "l'Allemagne ne trouvera nulle part des pretextes d'annexion".
Comme s'il n'y avait pas les Pays-Bas a l'ouest, le Danemark a l'est et
l'Autriche allemande au sud! Quand on veut annexer un pays quelconque on
trouve toujours un pretexte et on le cree au besoin. La Lorraine nous en
fournit l'exemple frappant. Lorsque toutes les autres raisons sont
epuisees, on soutient la "necessite strategique" comme _ultima ratio_.
Quant a nous, nous ne sommes nullement convaincus de l'avantage qui
resulterait d'une victoire allemande pour le mouvement socialiste. Nous
croyons, au contraire, qu'elle aurait comme consequence immediate de
consolider le principe monarchique au detriment du mouvement
revolutionnaire.
Engels nous presente la chose ainsi: "La paix assure au parti
democrate-socialiste allemand la victoire dans _dix ans_. La guerre lui
apportera
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