forme democratique et un
mauvais gouvernement peuvent marcher de pair. La base de tout probleme
politique est la question sociale et ceux qui tendent a s'emparer du
pouvoir politique n'attaquent pas le mal a sa source vitale.
Nous devons _bien_ voter et si le parlementarisme n'a rien produit
jusqu'ici, c'est parce que nous avons vote _mal_. Tachez d'avoir des
hommes capables de remplir leur mission, crient les charlatans
politiques.--Parfaitement, repetons-nous, attrapons les oiseaux en leur
mettant du sel sur la queue.
Les collectivistes ont lieu d'etre satisfaits de la marche des
evenements. Emile Vandervelde dit dans sa brochure precitee: "A ne
considerer que l'etat pecuniaire, la force motrice des deux systemes
serait sensiblement equivalente. Mais il faut tenir compte, en faveur de
la solution collectiviste, d'un facteur moral dont l'influence ira
toujours grandissant: au lieu d'etre les subordonnes d'une societe
anonyme, ceux qui dirigent actuellement l'armee industrielle
deviendraient des hommes publics, investis par les travailleurs
eux-memes d'un mandat de confiance."
Mais il oublie d'ajouter que, d'apres sa conception, les ouvriers seront
tous "les subordonnes d'une grande societe anonyme", l'Etat notamment,
c'est-a-dire qu'il n'y aura pas beaucoup de progres. Tachons de ne pas
avoir un changement de tyrannie au lieu de son abolition, et par le
collectivisme on n'arrivera qu'a transformer le patronat et non a le
supprimer. Un Etat pareil sera infiniment plus tyrannique que l'Etat
actuel.
Platon, dans sa _Republique_, fait la reflexion suivante:
"Pour cette raison les bons refusent de gouverner pour l'argent ou
l'honneur; car ils ne veulent pas avoir la reputation d'etre des
mercenaires ou des voleurs, en acceptant publiquement ou en
s'appropriant secretement de l'argent; ils ne tiennent pas non plus aux
honneurs. Par la force et les amendes on doit les contraindre a accepter
le pouvoir et on trouve scandaleuse la conduite de celui qui recherche
une position gouvernementale et n'attend pas jusqu'a ce qu'il soit force
de l'accepter. Actuellement la plus grande penitence pour ceux qui ne
veulent pas gouverner eux-memes, est qu'ils deviennent les subordonnes
de moins bons qu'eux, et c'est pour eviter cela, je crois, que les bons
prennent le gouvernement en mains. Mais alors ils ne l'acceptent pas
comme une chose qui leur fera beaucoup de plaisir, mais comme une chose
inevitable qu'ils ne peuvent laisser
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