s encore de danger politique dont doive s'alarmer l'empire allemand.
D'abord, le socialisme prouve sa faiblesse en devenant un parti
parlementairement fort, car ses adherents en attendent alors des
resultats plus positifs, que cette fraction parlementaire ne pourra leur
donner qu'en devenant encore plus apprivoisee, plus condescendante. En
second lieu on peut supposer que les partis non socialistes aplaniront
mainte opposition existant actuellement entre eux, et ce a mesure que le
socialisme les combattra plus vivement comme un parti ayant de
l'influence sur la legislature."
Singer, au nom du parti social-democratique, a reconnu qu'au Parlement
on tache de formuler ses revendications de telle maniere qu'elles
puissent etre acceptees par les classes dominantes. Ce qui veut dire, en
d'autres termes, que l'on devient un parti de reformes. L'idee
revolutionnaire est supprimee par la confiance dans le parlementarisme.
On demande l'aumone a la classe dominante, mais celle-ci agit d'apres
les besoins de ses propres interets. Lorsqu'elle prend en consideration
les revendications socialistes, elle ne le fait pas pour les
social-democrates, mais pour elle-meme. L'on aboutit ainsi au marecage
possibiliste petit-bourgeois et involontairement la lutte des classes
est mise a l'arriere-plan.
Cela sonne bien lorsqu'on veut nous faire accroire que la classe
travailleuse doit s'emparer du pouvoir politique pour arriver a son
affranchissement economique, mais, pratiquement, est-ce bien possible?
Jules Guesde compare l'Etat a un canon qui est aux mains de l'ennemi et
dont on doit s'emparer pour le diriger contre lui. Mais il oublie qu'un
canon est inutile sans les munitions necessaires et l'adversaire detient
celles-ci en reglant en sa faveur les conditions economiques. Comment
l'ouvrier, dependant sous le rapport economique, pourra-t-il jamais
s'emparer du pouvoir politique? Nous verrions plutot le baron de
Muenchhausen passer au-dessus d'une riviere en tenant en main la queue de
sa perruque que la classe ouvriere devenir maitresse de la politique
aussi longtemps qu'economiquement elle est completement dependante.
Mais le danger qui nous menace n'est pas si grand; c'est visiblement une
phase de l'evolution; nous n'avons pas a constituer un mouvement selon
nos desirs, mais nous avons a analyser la situation; malgre tous les
efforts des meneurs pour endiguer le mouvement, le developpement
economique poursuit sa marche et les hommes ser
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