, les souffre-douleur de la societe. Tous
deux furent exposes aux persecutions, aux souffrances, et grandirent en
depit de l'oppression.
Apres le penible enfantement du christianisme, un empereur arriva, un
des plus libertins qui aient gravi les marches du trone,--et ce n'est
pas peu dire, car le libertinage occupa toujours le trone,--qui, dans
l'interet de sa politique, se fit chretien. Immediatement on changea, on
tritura le christianisme et on lui donna une forme convenable. Les
chretiens obtinrent les meilleures places dans l'Etat et finalement les
vrais et sinceres chretiens, tels que les ebionites et d'autres, furent
exclus, comme heretiques, de la communaute chretienne.
De nos jours egalement nous voyons comment les plus forts se preparent a
s'emparer du socialisme. On presente la doctrine sous toutes sortes de
formes et peut-etre, selon l'occasion, le soi-disant socialisme
triomphera mais de nouveau les vrais socialistes seront excommunies et
exclus, comme hostiles aux projets des social-democrates appeles au
gouvernement.
Le triomphe de la social-democratie sera alors la defaite du socialisme,
comme la victoire de l'eglise chretienne constitua la chute du principe
chretien. Deja les congres internationaux ressemblent a des conciles
_economiques_, ou le parti triomphant expulse ceux qui pensent
autrement.
Deja, la censure est appliquee a tout ecrit socialiste: apres seulement
que Bernstein, a Londres, l'a examine et qu'Engels y a appose le sceau
de "doctrine pure", l'ecrit est accepte et l'on s'occupe de le
vulgariser parmi les co-religionnaires.
Le cadre dans lequel on mettra la social-democratie est deja pret: alors
ce sera complet. Y peut-on quelque chose? Qui le dira? En tout cas, nous
avons donne l'alarme et nous verrons vers quelle tendance le socialisme
se developpera.
On peut aller loin encore. Un jour Caprivi appela Bebel assez
plaisamment "_Regierungskommissarius_" et quoique Bebel ait repondu:
"Nous n'avons pas parle comme commissaire du gouvernement, mais le
gouvernement a parle dans le sens de la social-democratie", cela prouve
de part et d'autre un rapprochement significatif.
Rien d'etonnant que le mot hardi "Pas un homme ni un groschen au
gouvernement actuel" soit perdu de vue, car Bebel a deja promis son
appui au gouvernement lorsque, a propos de la poudre sans fumee,
celui-ci voulut conclure un emprunt pour des uniformes noirs. Quand on
donne au militarisme une phalange, il prend
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