et de misere?
Ce serait un crime de le faire.
La conviction de notre faiblesse, par manque d'organisation, est la
seule raison pour laquelle nous subissons l'etat de choses actuel.
Les gouvernements le savent mieux que nous. Pourquoi chercheraient-ils
toujours a renforcer leur puissance?
Les partis antagonistes s'organisent et chacun tache de pousser les
autres a une action prematuree afin d'en profiter.
Tout depend en outre de la conception de l'Etat. Liebknecht et ses
co-antirevolutionnaires prennent une autre voie que Marx. Tandis que
celui-ci ecrivait: "L'Etat est impuissant pour abolir le pauperisme.
Pour autant que les Etats se sont occupes du pauperisme, ils se sont
arretes aux reglements de police, a la bienfaisance, etc. L'Etat ne peut
faire autrement. Pour abolir veritablement la misere, l'Etat doit
s'abolir lui-meme, car l'origine du mal git dans l'existence meme de
l'Etat, et non, comme le croient beaucoup de radicaux et de
revolutionnaires, dans une formule d'Etat definie, qu'ils proposent a la
place de l'Etat existant. L'existence de l'Etat et l'esclavage antiques
n'etaient pas plus profondement lies que l'Etat et la societe usuriere
modernes", Liebknecht croit qu'il y a necessite que l'on prenne soin du
pauvre, du petit, aussi longtemps qu'il vit et, a ce propos, il prononca
au Parlement les paroles suivantes, qui forment un contraste frappant
avec les idees de Marx: "Nous pensons que c'est un signe de peu de
civilisation que cette grande opposition entre riches et pauvres. Nous
pensons que la marche ascendante de la civilisation fera disparaitre peu
a peu cette opposition, et nous croyons que l'Etat, duquel nous avons la
plus haute conception quant au but qu'il doit atteindre, a la mission
civilisatrice d'abolir la distance entre pauvres et riches, et parce que
nous attribuons cette mission a l'Etat, nous acceptons, en principe, le
projet de loi presente."
Donc, tandis que l'un croit que l'Etat doit d'abord etre aboli, avant de
pouvoir faire disparaitre l'antagonisme entre riches et pauvres, l'autre
est d'avis que l'Etat a pour mission d'abolir cet antagonisme. Ces deux
declarations sont en complete opposition, ainsi que la suivante:
"Seulement par une legislation, non pas chretienne mais vraiment
humaine, civilisatrice, imbue de l'esprit socialiste, reglant les
rapports du travail et des travailleurs, s'occupant serieusement et
energiquement de la solution de la question ouvriere et donnan
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