'equipage de notre bonne vieille
_Alma_.
FERGASSOU. Coquin de sort! y parle comme un depute cet enseigne.
D'ARTELLES.... Bref, trois cents hommes au total, nous etions ce
matin ...
BRAMBOURG. Pas plus tard qu'il y a peu d'instants.
D'ARTELLES.... nous etions trois cents hommes tres malheureux.
FERGASSOU. Malheureux, c'est-a-dire que c'etait epouvantable.
D'ARTELLES. C'est bien simple: voila six jours que sous pretexte d'une
mission secrete ... et secrete ... on sait ce que parler veut dire.
BRAMBOURG. Excepte les journaux, personne n'en sait rien.
ALICE. Bravo! Fred, a propos, il n'y a toujours rien de nouveau?
CORLAIX. Nous ne savons toujours rien; nous attendons toujours le
telegramme de Paris. Mais, je vous en prie, la parole est a l'orateur.
D'ARTELLES. Merci, Commandant. Je repete: voila six jours que nous
sommes tous consignes a bord dans l'attente de cet appareillage
problematique, en sorte que ce soir, qui est peut-etre notre dernier
soir de paix, notre "Veille d'Armes", quoi, nous nous appretions tous
a souper a la mode des anciens chevaliers ...
ALICE. Ils jeunaient les anciens chevaliers ...
D'ARTELLES. C'est bien ce que je voulais dire, Mademoiselle, nous nous
appretions tous a jeuner comme eux, et vous nous avez epargne cette
tristesse-la, Commandant, vous nous l'avez epargnee somptueusement,
d'abord en nous reunissant autour d'une table de famille, et de plus, en
y faisant asseoir avec nous de quoi rejouir nos yeux et de quoi
reconforter nos coeurs. C'est de cela surtout que je tiens a vous
exprimer notre reconnaissance. Et je suis sur que vous ne m'en voudrez
pas si je leve mon verre a la sante de vos charmantes invitees plutot
qu'a la votre comme je devrais le faire.
[Corlaix s'incline.] [Applaudissements, bravos, etc. Brouhaha, Corlaix
se leve. Tout le monde l'imite.]
CORLAIX. Merci, d'Artelles. Gentil comme toujours!... Et sur ce ...
Mesdames ...
[Fergassou s'avance vers Mme de Corlaix, Rabeuf vers Alice.]
FERGASSOU. He be, Madame, sans avoir l'air de rien, c'est un petit
compliment de derriere les fagots qu'il vous a tourne, ce d'Artelles.
JEANNE. Je crois bien. [Elle prend le bras de Fergassou, puis s'arrete.]
Et tenez, j'ai meme envie de lui dire merci ... Commandant Fergassou vous
etes trop gentil pour m'en vouloir. [Elle lache le bras de Fergassou,
court a d'Artelles, passe avec lui. Jeux de scene. Ils causent a voix
basse. Alice passe au bras de Rabeuf, Biroda
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