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mais les seigneurs dont les troupes composaient une partie de son armee,
qui n'aimaient pas que le roi fit de si grands progres, lui demanderent
apres ce siege leur conge, qu'il ne put se dispenser de leur accorder.
Il retira le reste de ses troupes, et fut oblige de demeurer dans
l'inaction jusqu'a l'annee suivante.
Mais, pendant cet intervalle, la regente ne fut pas oisive: elle regagna
le comte de la Marche, et conclut avec lui un nouveau traite a Clisson,
par lequel le roi s'obligea de donner en mariage sa soeur Elisabeth
au fils aine de ce comte. Elle traita avec Raimond, nouveau comte de
Thouars. Ce seigneur fit hommage au roi des terres qu'il tenait en
Poitou et en Anjou, et s'engagea de soutenir la regence de la reine
contre ceux qui voudraient la lui disputer; et enfin, elle remit dans
les interets du roi plusieurs seigneurs qui promirent de le servir
envers et contre tous. Elle leva des troupes, et mit le roi en etat
de s'opposer vigoureusement au roi d'Angleterre, qui faisait des
preparatifs pour passer en France.
Effectivement, ce prince etant parti de Portsmouth le dernier avril
de l'an 1230, vint debarquer a St-Malo, ou il fut recu avec de grands
honneurs par le comte de Bretagne, qui, soutenant parfaitement sa
nouvelle qualite de vassal de la couronne d'Angleterre, lui ouvrit les
portes de toutes ses places.
Louis n'eut pas plutot appris ce debarquement, qu'ayant assemble
son armee, il se mit a la tete, vint se poster a la vue de la ville
d'Angers, ou il demeura quelque temps, pour voir de quel cote le roi
d'Angleterre tournerait ses armes. Louis etait alors dans la seizieme
annee de son age. La regente lui avait donne, pour l'accompagner
et l'instruire du metier de la guerre, le connetable Mathieu
de Montmorency, et plusieurs autres seigneurs qui lui etaient
inviolablement attaches. Louis, voyant que les ennemis ne faisaient
aucun mouvement, s'avanca jusqu'a quatre lieues de Nantes, et fit
le siege d'Ancenis. Plusieurs seigneurs de Bretagne, qui s'etaient
fortifies dans leurs chateaux a l'arrivee des Anglais, dont ils
haissaient la domination, vinrent trouver le roi pour lui offrir leurs
services et lui rendre hommage de leurs terres[1].
[Note 1: Les actes en subsistent encore au tresor des chartres.]
Le roi, avant de recevoir ces hommages, avait tenu, comme on le voit par
ces actes, une assemblee des seigneurs et des prelats, ou le comte de
Bretagne, pour peine de sa felonie, avait ete
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