nt et si imperieux tout
ensemble, que Guillaume lui donna cette croix si desiree. Il la recut
avec un profond respect, la baisa, et assura qu'il etait gueri. En
effet, son mal diminua considerablement. Des que sa sante fut affermie,
il vint a Paris gouter le plus grand plaisir qui puisse toucher un bon
roi: il connut qu'il etait tendrement aime. L'empressement tumultueux du
peuple, les transports inouis d'allegresse, et la joie repandue sur tous
les visages lui firent mieux sentir la place qu'il occupait dans tous
les coeurs, que n'eussent pu faire des arcs de triomphe, des fetes ou
des harangues etudiees. Aussi s'appliqua-t-il plus que jamais au bonheur
de ce meme peuple, aux prieres duquel il ne doutait pas qu'il eut ete
rendu.
Le voeu que le roi venait de faire diminua de beaucoup la joie que
le retour de sa sante avait donne a toute la cour. La reine-mere qui
prevoyait qu'il accomplirait infailliblement cette promesse, en parut
presque aussi consternee qu'elle l'avait ete du danger extreme ou
elle l'avait vu quelques momens auparant. Le roi, apres deux mois
de convalescence, se trouva parfaitement retabli: il n'executa pas
neanmoins sitot son dessein. Les preparatifs pour une expedition si
importante, et d'autres affaires, lui firent differer le voyage pendant
deux ans et demi; et, en attendant, il demanda au pape des missionnaires
pour precher la croisade dans le royaume, et s'appliqua, durant cet
intervalle, a mettre la France en etat de se passer de sa presence.
Cependant toute l'Europe etait attentive a ce qui se passait au concile
convoque a Lyon par le pape Innocent IV. Il avait commence a la fin du
mois de juin de l'annee 1245[1].
[Note 1: Ce fut a ce concile que le pape donna le chapeau rouge aux
cardinaux.]
Le but de ce concile n'etait pas seulement de terminer les differends
de l'empereur Frederic avec le Saint-Siege, et de rendre la paix a
l'Eglise, mais encore d'unir tous les princes chretiens entre eux pour
la defense de la religion contre les Infideles. L'engagement que le roi
avait deja pris par son voeu etait un grand exemple, et l'on peut meme
assurer que, sans lui, tous les efforts et toutes les bonnes intentions
du pape auraient eu peu d'effet.
La premiere de ces deux importantes affaires fut celle qui occupa
d'abord le concile; il ne s'agissait pas moins que de la deposition de
l'empereur. Je n'entrerai point dans le detail de tout ce qui s'y passa:
cela m'eloignerait trop de mon sujet
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