remplit
par la, dit Matthieu Paris, historien anglais, son surnom de _Mauclerc_,
c'est-a-dire d'homme malin et mechant.
La soumission du comte de Bretagne fut de la plus grande importance pour
affermir l'autorite du jeune roi. La vigueur avec laquelle il l'avait
pousse, retint dans le respect les autres grands vassaux de la couronne;
mais il ne fut pas moins attentif a prevenir les occasions de ces sortes
de revoltes, que vif a les reprimer.
_Politique de nos rois sur les mariages des grands_.
Les alliances que les vassaux contractaient par des mariages avec
les ennemis de l'etat, et surtout avec les Anglais, y contribuaient
beaucoup: aussi une des precautions que prenaient les rois, a cet egard,
etait d'empecher ces sortes d'alliances autant qu'il etait possible, et
dans les traites qu'ils faisaient avec leurs vassaux, cette clause etait
ordinairement exprimee, que ni le vassal, ni aucun de sa famille ne
pourrait contracter mariage avec etrangers, sans l'agrement du prince.
Louis etait tres-exact a faire observer cet article important. Le roi
d'Angleterre, dans le dessein d'acquerir de nouvelles terres et de
nouvelles places en France, demanda en mariage a Simon, comte de
Ponthieu, Jeanne, l'ainee de ses quatre filles, et sa principale
heritiere. Le traite du mariage fut fait; elle fut epousee au nom du roi
d'Angleterre par l'eveque de Carlile, et le pape meme y avait contribue.
Malgre ces circonstances, Louis s'opposa a ce mariage, dont il prevoyait
les suites dangereuses pour l'interet de l'etat. Il menaca le comte de
Ponthieu de confisquer toutes ses terres, s'il l'accomplissait, et
tint si ferme, que le comte, sur le point de se voir beau-pere du roi
d'Angleterre, fut oblige de renoncer a cet honneur. Mais un autre
mariage, qui fut conclu cette meme annee, recompensa la comtesse Jeanne
de la couronne que Louis lui avait fait perdre, en l'obligeant de
refuser la main du roi d'Angleterre. Ferdinand, roi de Castille, ecrivit
au monarque francais pour le prier d'agreer la demande qu'il voulait
faire de cette vertueuse princesse: ce qu'il obtint d'autant plus
aisement, qu'il en avait plus coute au coeur de Louis pour arracher un
sceptre des mains d'une personne du plus grand merite, et sa proche
parente; car elle descendait d'Alix, fille de Louis-le-Jeune. On le vit
encore, quelque temps apres, consoler la comtesse Mathilde d'avoir ete
contrainte de preferer le bien de l'etat a son inclination pour un
gentilhomme.
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