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vingt mille hommes de pied, six cents arbaletriers, et seize
cents chevaliers, qui, en comptant leur suite, faisaient un corps
tres-considerable de cavalerie. Le roi, en commencant la campagne, avait
autant d'infanterie, et presque le double de cavalerie, mais il en avait
perdu une partie par les sieges et par les maladies que les grandes
chaleurs avaient causees.
Son dessein etait de passer la Charente, et celui du roi d'Angleterre de
l'en empecher. La profondeur de la riviere etait un grand obstacle pour
les Francais.
Il y avait devant Taillebourg un pont de pierre, mais si etroit qu'il y
pouvait a peine passer quatre hommes de front. Henri s'en etait empare,
aussi bien que d'un fort qui etait de son cote a la tete du pont. Louis
cependant pensait a forcer ce passage. Il avait fait preparer sur la
riviere quantite de bateaux, pour s'en servir a faire passer le plus
qu'il pourrait de ses troupes, dans le meme temps qu'il ferait attaquer
le pont.
L'ardeur du soldat ne lui permit pas de deliberer plus long-temps, et un
mouvement que le roi d'Angleterre fit faire a son armee pour l'eloigner
du bord de la riviere, de deux portees d'arc, engagea l'affaire lorsque
le roi y pensait le moins.
Quelques officiers de l'armee francaise prirent ce mouvement pour une
retraite. Dans cette pensee, cinq cents hommes, sans en avoir recu
l'ordre, se detachent, et attaquent le pont. L'exemple de ceux-ci en
entraina d'autres, plusieurs se jeterent dans les bateaux et gagnerent
l'autre bord.
Les Anglais soutinrent vaillamment l'attaque du pont, et on se battit
dans ce defile avec beaucoup de valeur de part et d'autre. Les
assaillans n'ayant pu d'abord emporter ce poste, leur ardeur, comme il
arrive dans ces attaques brusques, se ralentit par la resistance des
ennemis. Le roi, qui etait accouru au bruit, les ranima par sa presence,
et encore plus par son exemple. Il s'avanca le sabre a la main, et, se
jetant au plus fort de la melee, suivi de plusieurs seigneurs, il poussa
les Anglais hors du pont et s'en rendit maitre.
Le peril ne fit qu'augmenter par cet avantage: car le roi ayant tres-peu
de terrein, et ses soldats n'arrivant qu'a la file par le pont, et peu
pouvant passer en meme temps dans les bateaux, il se trouva expose
a toute l'armee ennemie, avec une fort petite troupe; mais l'ardeur
qu'inspire un premier succes suppleant au nombre, on fit reculer les
Anglais, on gagna du terrein; la plupart des troupes passerent, e
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