semblerait
incessamment son parlement pour se mettre en etat de passer la mer aux
fetes de Paques. En effet, il fit expedier des lettres circulaires
a tous ceux qui avaient droit d'y assister, par lesquelles il leur
ordonnait de se rendre a Londres, afin de lui donner leurs avis sur des
affaires de la derniere importance pour le bien de l'etat.
Tandis que les membres du parlement se disposaient a s'assembler a
Londres, le comte Richard, frere du roi, arriva de son voyage de la
Palestine, ou il avait acquis beaucoup plus de gloire que le roi de
Navarre et les autres seigneurs francais qui s'y etaient trouves en meme
temps que lui, et dont plusieurs lui etaient redevables de leur salut et
de leur liberte.
Lorsque le roi d'Angleterre eut communique son dessein au prince son
frere, voyant qu'il avait son approbation, il resolut de surmonter tous
les obstacles qu'on pourrait y apporter. Il avait bien prevu que le
parlement n'approuverait pas cette guerre: il en fut encore plus
convaincu lorsqu'il apprit que la plupart des membres, etant arrives
a Londres, s'etaient mutuellement donne parole, avec serment, de ne
consentir a aucune levee d'argent, quelques instances que le roi put
faire. Ils tinrent leur parole; car, sur l'exposition que le roi leur
fit de son dessein dans la premiere assemblee, en leur representant
fortement la gloire et l'avantage que la nation retirerait de cette
guerre, ou elle reparerait les pertes que la couronne avait faites
depuis plusieurs annees, ils repondirent tous d'une voix que cette
entreprise n'etait point de saison, qu'elle ne pouvait reussir sans
d'excessives depenses, que le royaume etait epuise par les levees que le
roi avait faites depuis long-temps sur le peuple, et qu'on etait dans
l'impuissance d'en supporter de nouvelles.
Le roi, voyant cette opposition universelle, n'insista pas davantage
pour le moment; il les pria seulement de faire attention a ce qu'il leur
avait propose, de ne pas oublier le zele qu'ils devaient avoir pour la
gloire de la nation, qu'il les rassemblerait le lendemain, et qu'il
esperait de les revoir dans de meilleures dispositions. Cependant il vit
en particulier chacun des plus accredites du parlement; il les conjura
de ne point s'opposer a un si glorieux dessein, les assurant que
plusieurs d'entre eux, quoi qu'ils eussent dit dans l'assemblee, lui
avaient promis secretement de l'aider. Il leur montrait meme une liste
de leurs noms, et des sommes qu'ils s'et
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