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l'empereur, ainsi qu'on le voit par une lettre qu'il ecrivit a ce prince
quelque temps apres.
Le roi neanmoins, pour contenter le pape, laissa publier en France
l'excommunication de l'empereur, selon que les eveques en avaient recu
l'ordre de Rome. Le roi d'Angleterre en fit autant; et, dans l'un et
l'autre royaume, on permit des levees d'argent pour le pape sur les
benefices: mais si nous en croyons l'historien anglais, ces levees
furent beaucoup moins fortes en France qu'en Angleterre. Louis refusa
meme de laisser sortir de son royaume l'argent qu'on y avait leve,
pour empecher qu'il ne servit a continuer une guerre si funeste au
christianisme. Le pape en fut tres-mecontent, et parut vouloir s'en
venger, quelque temps apres, par l'opposition qu'il fit a l'election de
Pierre-Charlot, fils naturel de Philippe-Auguste, a l'eveche de Noyon,
sous pretexte qu'il n'etait pas legitime, et que les canons excluaient
les batards de l'episcopat. Le roi sentit l'injustice de ce procede; il
declara que nul autre que son oncle ne possederait cet eveche: Pierre en
fut effectivement mis en possession sous le pontificat d'Innocent IV.
Tant de maux qui affligeaient l'Eglise, auraient du toucher le pape et
l'empereur; mais ni l'un ni l'autre ne voulaient se relacher. Leurs
pretentions etaient si contraires, qu'il n'y avait pas d'apparence
de les rapprocher par la negociation, et il n'etait guere possible
d'imaginer une voie dont ils pussent convenir. Les lettres de l'empereur
aux rois de France et d'Angleterre prouvent manifestement que ces deux
princes s'interessaient vivement a la reunion du pape et de l'empereur,
et que ce furent les deux rois qui, pour y parvenir, proposerent la
convocation d'un concile general, au jugement duquel les deux parties
se rapporteraient. Le pape y consentit, et l'empereur fit de vives
instances pour qu'il s'assemblat au plus tot.
Le pape fit donc expedier des lettres circulaires pour la convocation du
concile. Il en envoya a l'empereur de Constantinople, aux rois de France
et d'Angleterre, et generalement a tous les princes chretiens, aux
patriarches, aux eveques et aux abbes, et il leur marqua le temps auquel
ils devaient se rendre a Rome pour l'ouverture du concile, qui fut fixee
au jour de Paque 1241. On proposa meme une treve jusqu'a ce temps-la:
mais, ou elle ne se fit pas, ou elle dura peu. Les uns en attribuent la
faute au pape, les autres a l'empereur. Nonobstant la guerre, le pape ne
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