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de ceux qu'ils possedaient en France, ils s'y soumirent neanmoins, les
uns par complaisance pour le roi, les autres parce qu'ils voyaient
que leur resistance serait inutile. Quelques-uns passerent au service
d'Angleterre; la plupart s'attacherent a celui de France; et le roi
dedommagea ceux-ci de ce qu'ils perdaient, en leur donnant les terres de
ceux qui le quittaient, ou d'autres recompenses. A cette nouvelle, le
roi d'Angleterre, qui avait le talent de faire toujours mal ce qu'il
aurait pu bien faire, se livra a toute l'impetuosite de son genie; et,
sans garder aucune mesure, ni proposer aucune option, comme avait fait
le roi de France, il confisqua les terres que les seigneurs francais,
et principalement les Normands, possedaient dans ses etats. Ceux-ci en
furent tellement irrites, qu'ils firent tous leurs efforts pour engager
le roi a declarer la guerre a Henri; mais il les adoucit par ses
promesses et ses liberalites.
Tandis que Louis prenait les mesures les plus efficaces pour maintenir
la tranquillite dans le royaume, l'Italie se trouvait livree plus que
jamais aux horreurs de la guerre civile, dont le pape rejetait toujours
la faute sur l'empereur, et l'empereur sur le pape.
L'empereur ecrivait aux princes de l'Europe qu'il etait dispose a s'en
rapporter aux rois de France et d'Angleterre pour ses interets les plus
essentiels; et le pape protestait au contraire qu'il ne demandait que
l'execution des paroles que l'empereur lui avait fait porter pour la
paix, et que ce prince ne cherchait par ses feintes et ses artifices
qu'a en imposer a toute l'Europe, et a reduire l'Eglise et le
Saint-Siege en servitude. Il fulmina de nouveau l'excommunication contre
lui. Il la fit publier partout, et meme a Paris, dans les eglises.
Ce fut a cette occasion qu'un cure de cette capitale fit une action
aussi hardie qu'elle etait peu convenable. Il monta en chaire et parla
de cette sorte a ses auditeurs: "Vous saurez, mes freres, que j'ai recu
ordre de publier l'excommunication fulminee par le pape contre Frederic,
empereur, et de le faire au son des cloches, tous les cierges de mon
eglise etant allumes. J'en ignore la cause, et je sais seulement qu'il
y a entre ces deux puissances de grands differends, et une haine
irreconciliable. Je sais aussi qu'un des deux a tort, mais j'ignore qui
l'a des deux. C'est pourquoi, de toute ma puissance j'excommunie et je
declare excommunie celui qui fait injure a l'autre, et j'absous celu
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