tes leurs terres argent comptant, et les leur rendant ensuite. Il les
fit par ce moyen ses feudataires et princes de l'empire, avec obligation
de le servir envers tous et contre tous. Le premier service qu'ils lui
rendirent, fut d'exciter dans Rome une sedition contre le pape, qui,
ayant ete contraint d'en sortir, fut oblige de se retirer a Perouse.
Cependant Frederic, pour convaincre toute l'Europe de la sincerite de
ses intentions, se prepara pour le voyage de la Terre-Sainte, et partit
en effet en l'annee 1228, avec vingt galeres seulement et peu de
troupes, mais suffisantes pour sa surete, ayant confie au duc de
Spolette la plus grande partie de celles qu'il laissait en Europe, avec
ordre de continuer en son absence la guerre contre le pape.
Je n'entrerai pas dans le detail de l'expedition de Frederic dans la
Palestine; elle est etrangere a l'histoire du regne de saint Louis.
Je dirai seulement que Frederic, ayant fait une treve avec le soudan
d'Egypte, alla a Jerusalem avec son armee, qu'il fit ses devotions dans
l'eglise du Saint Sepulcre, et que, pretendant avoir accompli son voeu,
il revint en Europe. Etant arrive en Italie, il continua a faire la
guerre au pape. Apres differens evenemens, toutes ces dissensions furent
terminees par une paix que ces deux princes firent entre eux, suivie de
l'absolution que le pape donna a Frederic de l'excommunication qu'il
avait fulminee contre lui.
Plusieurs annees se passerent sans aucune rupture eclatante jusque vers
l'annee 1239. Frederic, apres avoir soumis plusieurs villes confederees
de la Lombardie, s'empara de l'ile de Sardaigne, que les papes depuis
long-temps regardaient comme un fief relevant de l'eglise de Rome. Il
en investit Henri son fils naturel, et erigea en royaume feudataire de
l'empire cette ile, qu'il pretendait en avoir ete injustement demembree.
A cette occasion, le pape fulmina une nouvelle excommunication contre
Frederic, et envoya la formule a tous les princes et tous les eveques
de la chretiente, avec ordre de la faire publier les dimanches et fetes
pendant l'office divin; et il declara tous les sujets de Frederic
releves du serment de fidelite qu'ils lui avaient fait.
Ce prince _accoutume depuis long-temps au bruit de tous ces foudres_[1],
s'en mettait fort peu en peine, et s'en vengeait en toute occasion
sur les partisans du pape. Mais Gregoire prevoyant que les armes
spirituelles produiraient peu d'effet contre un pareil ennemi, ecrivit
a p
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