un des principaux et des
plus ardens chefs de la ligue. Il y avait fait entrer Roger, comte
de Foix; Amauri, vicomte de Narbonne; Pons de Olargues, et quantite
d'autres des plus puissans seigneurs du pays; mais en trahissant son
souverain, il etait lui-meme trahi par ses vassaux qui le haissaient, et
qui avaient moins dessein de le soutenir, que de l'engager a se perdre
lui-meme, en prenant le parti du roi d'Angleterre. En effet, Guillaume
Arnaud, de l'ordre de Saint-Dominique, inquisiteur de la foi, et
Etienne, de l'ordre de Saint-Francois, son collegue, ayant ete
assassines par les Albigeois, dans le palais meme du comte de Toulouse,
a Avignon, et sans qu'il en eut fait faire les moindres perquisitions,
le comte de Foix et les autres vassaux du comte prirent cette occasion
pour degager leur parole, protestant qu'ils ne reprendraient jamais les
armes en faveur d'un fauteur d'heretiques, et d'un persecuteur declare
des catholiques. C'etait cette conduite qui avait empeche le comte de
Toulouse, abandonne par ses vassaux, de venir joindre, avec ses troupes,
le comte de la Marche et le roi d'Angleterre; de sorte que jamais
diversion ne fut plus favorable au roi, et c'est ce qui lui facilita
beaucoup ses victoires. Le comte de Foix en profita pour secouer la
domination du comte de Toulouse, et pour rendre son comte un fief
relevant immediatement de la couronne de France. Le comte de Toulouse,
dans cet embarras, ne pensa plus qu'a faire sa paix avec le roi. Tandis
que l'eveque de Toulouse agissait pour lui a la cour de France, il
ecrivait au roi pour lui demander pardon de sa revolte, et le laissa
maitre des conditions qu'il voudrait lui imposer. Louis lui pardonna, et
lui accorda la paix, conformement a ce qui avait ete convenu a l'ancien
traite de Paris. Le comte, pour surete de sa parole, livra encore
quelques forteresses au roi; il renonca a tout commerce avec les
heretiques, et fit punir de mort ceux qui avaient assassine les
inquisiteurs; et, pour marquer au roi la sincerite de son retour a
l'obeissance qu'il devait a son souverain, il lui remit entre les
mains les lettres de l'empereur Frederic II, par lesquelles ce prince
l'exhortait a continuer dans sa revolte.
Il serait difficile de penetrer les motifs de cette conduite etrange du
monarque allemand. Louis, malgre les grands avantages qu'on lui offre,
refuse constamment de prendre les armes contre Frederic. Frederic, sans
autre esperance que d'exciter des troubles,
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