p perdu sous les regnes precedens, et
le second, sous le regne present. Le troisieme etait un esprit inquiet;
il avait une femme trop imperieuse, et fiere de sa qualite de reine, qui
le gouvernait, et souffrait tres-impatiemment de voir son mari vassal
du roi de France. Nul d'eux, separement des autres, eut ete fort
a craindre; mais, unis ensemble, ils pouvaient causer beaucoup de
desordre. Jacques, roi d'Aragon, qui possedait Montpellier et d'autres
fiefs, etait aussi assez dispose a entrer dans leurs intrigues.
Il s'etait tenu, l'annee precedente, une conference a Montpellier, entre
lui, le comte de Toulouse et le comte de Provence, dans laquelle, entre
autres resolutions qu'ils y avaient prises, ils avaient fait avec le roi
d'Angleterre une ligue pour attaquer la France. La conduite du comte de
Provence paraissait, en cette occasion, pleine d'ingratitude, vu qu'il
etait beau-pere du roi, qu'il lui avait de grandes obligations, et meme
de toutes recentes pour avoir garanti la Provence, que l'empereur avait
voulu faire envahir par le comte de Toulouse. Le roi d'Angleterre avait
signe vers l'an 1238, une prolongation de treve, pour quelques annees
avec la France: mais cherchant un pretexte plausible pour la rompre,
il le trouva dans le dessein que le roi avait d'investir incessamment
Alphonse, son frere, du comte de Poitou, parce qu'Henri lui-meme,
plusieurs annees auparavant, avait donne l'investiture de ce comte qu'il
pretendait lui appartenir, a Richard son frere. Ce traite demeura secret
jusqu'a ce qu'on se crut en etat de l'executer: ce fut le comte de la
Marche qui, le premier, leva le masque a l'occasion suivante.
Le roi, en execution du testament du roi son pere, donnait a ses freres,
des qu'ils avaient atteint l'age de vingt et un ans, les apanages
qui leur etaient destines. En 1238 il avait fait Robert, son frere,
chevalier a Compiegne; il l'avait en meme temps investi du comte
d'Artois, et lui avait fait epouser Mathilde, fille du duc de Brabant.
Il voulut alors faire aussi chevalier Alphonse, son troisieme frere. La
ceremonie s'en fit le jour de Saint-Jean, a Saumur, ou il avait convoque
toute la noblesse de France avec un grand nombre d'eveques et d'abbes;
et, quelques jours apres, il le mit en possession des comtes de Poitou
et d'Auvergne. Entre ceux qui s'y trouverent, les plus considerables
furent: Pierre, comte de Bretagne; Thibault, roi de Navarre, l'un et
l'autre revenus depuis quelque temps de la P
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