frontieres; et
enfin on renouvela les traites d'alliance avec l'empereur et le roi des
Romains, pour maintenir la concorde entre les vassaux des deux etats,
et empecher qu'aucuns ne prissent des liaisons trop etroites avec
l'Angleterre.
Les interdits etaient depuis long-temps fort en usage. Les papes les
jetaient sur les royaumes entiers, et les eveques, a leur exemple, des
qu'ils croyaient avoir recu quelque tort ou du roi, ou de ses officiers,
ou de leurs diocesains, faisaient cesser partout le service divin, et
fermer les eglises, si on leur refusait satisfaction. Cela fut regarde
par la regente, et avec raison, comme un grand desordre. Milon, eveque
de Beauvais, et Maurice, archeveque de Rouen, en ayant use ainsi,
leur temporel fut saisi au nom du roi, et ils furent obliges de lever
l'interdit. Ce prince, tout saint qu'il etait, tint toujours depuis pour
maxime de ne pas se livrer a un aveugle respect pour les ordres des
ministres de l'eglise, qu'il savait etre sujets aux emportemens de la
passion comme les autres hommes[1]. Il balancait toujours, dans les
affaires de cette nature, ce que la piete et la religion d'un cote, et
ce que la justice de l'autre, demandaient de lui. Le sire de Joinville,
dans l'Histoire de ce saint roi, en rapporte un exemple, sans marquer
precisement le temps ou le fait arriva, et qui merite d'avoir ici sa
place.
[Note 1: Daniel, tom. III, edition de 1722, p. 198.]
"Je vy une journee, dit-il, que plusieurs prelats de France se
trouverent a Paris, pour parler au bon saint Louis, et lui faire une
requete, et quand il le scut il se rendit au palais, pour les ouir de ce
qu'ils vouloient dire, et quand tous furent assembles, ce fut l'eveque
Gui d'Auseure[1], qui fut fils de monseigneur Guillaume de Melot, qui
commenca a dire au roi, par le congie et commun assentement de tous les
autres prelats: Sire, sachez que tous ces prelats qui sont en votre
presence me font dire que vous lesses perdre toute la chretiente, et
qu'elle se perd entre vos mains. Alors le bon roi se signe de la croix,
et dit: Eveque, or me dites comment il se fait, et par quelle raison?
Sire, fit l'eveque, c'est pour ce qu'on ne tient plus compte des
excommunies; car aujourd'hui un homme aimeroit mieux morir tout
excommunie que de se faire absoudre, et ne veut nully faire satisfaction
a l'Eglise. Pourtant, Sire, ils vous requierent tous a un vois, pour
Dieu, et pour ce que ainsi le deves faire, qu'il vous plaise commander
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