use de ces expressions outrageantes dont elle est remplie. Il est vrai
qu'il supportait, beaucoup plus impatiemment que ses predecesseurs,
l'extension de la puissance spirituelle sur la juridiction temporelle;
mais on voit par tous les actes de lui sur ce sujet qu'il ne s'emportait
jamais contre les papes, ni contre les eveques.
Ainsi cette lettre pourrait bien, au lieu d'etre la reponse du roi,
avoir ete celle des seigneurs de l'assemblee, irrites la plupart contre
les eveques pour leurs entreprises continuelles, et que la deposition
d'un empereur aurait indisposes contre le pape. Telles sont les
expressions de cette lettre[1]: "Qu'on etait surpris de la temeraire
entreprise du pape, de deposer un empereur qui s'etait expose a tant de
perils dans la guerre et sur la mer pour le service de Jesus-Christ;
qu'il s'en fallait bien qu'ils eussent reconnu tant de religion dans la
conduite du pape meme, qui, au lieu de seconder les bons desseins de ce
prince, s'etait servi de son absence pour lui enlever ses etats; que
les seigneurs francais n'avaient garde de s'engager dans une guerre
dangereuse contre un si puissant prince, soutenu des forces de tant
d'etats, auxquels il commandait, et surtout de la justice de sa cause;
que les Romains ne se mettaient guere en peine de l'effusion du sang
francais, pourvu qu'ils satisfissent leur vengeance, et que la ruine de
l'empereur entrainerait celle des autres souverains, qu'on foulerait aux
pieds.
[Note 1: Daniel, tom. III, edition de 1722, p. 210.]
"Ils ajoutaient neanmoins que, pour montrer qu'ils avaient quelque egard
aux demandes du pape, quoiqu'ils vissent bien que l'offre qu'il faisait,
etait plus l'effet de sa haine contre l'empereur, que d'une singuliere
affection pour la France, on enverrait vers Frederic pour s'informer
de lui s'il etait sincerement catholique. Que s'il l'est en effet,
continuent-ils, pourquoi lui ferions-nous la guerre? Que s'il ne l'est
pas, nous la lui ferons a outrance, comme nous la ferions au pape meme,
et a tout autre mortel, s'ils avaient des sentimens contraires a Dieu et
a la veritable religion."
En effet ils envoyerent des ambassadeurs a l'empereur, qui, levant les
mains au ciel avec des pleurs et des sanglots, protesta qu'il n'avait
que des sentimens chretiens et catholiques. Il fit ses remerciemens aux
envoyes, de la conduite qu'on avait tenue en France a son egard. Ce qui
est tres-certain, c'est que le roi refusa de prendre les armes co
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