ui
lui firent des representations a ce sujet. Il envoya un contre-ordre;
ceux qui le portaient arriverent heureusement en France avant ceux qui
etaient charges du premier ordre, et avertirent eux-memes le roi. Ce
prince profita de cet avis, et se fit une nouvelle compagnie de gardes,
armes de massues d'airain, qui l'accompagnaient partout, persuade que la
prudence humaine, renfermee dans ses justes bornes, n'est point opposee
a la soumission aux decrets de la Providence. On fit la recherche des
deux assassins, et on les decouvrit. On les renvoya sans leur faire
aucun mal: on leur donna meme des presens pour leur maitre, que
l'aveugle obeissance de ses sujets rendait redoutable. Mais le roi le
traita depuis honorablement dans son voyage de la Terre-Sainte, comme je
le dirai dans la suite.
[Note 1: Nangius in _Historia Ludovici_.]
Cette visible protection du Ciel fut un nouveau motif au roi pour
redoubler sa ferveur et sa piete. Il les fit paraitre quelque temps
apres, en degageant a ses frais la couronne d'epines de Notre-Seigneur,
un morceau considerable de la vraie croix, et d'autres precieuses
reliques qui avaient ete engagees par Baudouin, empereur de
Constantinople, pour une tres-grosse somme d'argent. Ces precieuses
reliques furent apportees en France et recues au bois de Vincennes par
le roi, qui les conduisit de la a Paris, marchant nu-pieds, aussi bien
que les princes ses freres, tout le clerge et un nombre infini de
peuple. Ces reliques furent ensuite placees dans la Sainte-Chapelle, ou
on les conserva comme un des plus precieux tresors qu'il y eut dans le
monde.
Ce qui contribua beaucoup a entretenir la paix dans le royaume, fut
la resolution que prirent quelques-uns des vassaux du roi, les plus
difficiles a gouverner, d'accomplir le voeu qu'ils avaient fait d'aller
a la Terre-Sainte. Le roi de Navarre, le comte de Bretagne, Henri, comte
de Bar, le duc de Bourgogne, Amauri de Montfort, connetable de France,
et quantite d'autres seigneurs, passerent en Palestine, ou plusieurs
d'entre eux perirent sans avoir rien fait de memorable, ni de fort
avantageux pour la religion.
Pendant que ces seigneurs etaient occupes dans la Palestine a faire la
guerre aux infideles, les etats de Louis etaient dans la plus grande
tranquillite. Ce prince, occupe tout entier de la religion et du bonheur
de ses peuples, partageait egalement ses soins entre l'une et les
autres. Les mariages des grands etaient alors l'objet le pl
|