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tous vos baillifs, prevots, et autres administrateurs de justice, que
ou il sera trouve aucun en votre royaume, qui aura ete an et jour
continuellement excommunie, qu'ils le contraignent a se faire
absoudre, par la prinse de ses biens. Et le saint homme repondit que
tres-volontiers le commanderoit faire de ceux qu'on trouveroit etre
torconniers a l'eglise et a son preme[2]. Et l'eveque dit qu'il ne leur
appartenoit a connoitre de leurs causes. Et a ce repondit le roi, il ne
le feroit autrement, et disoit que ce seroit contre Dieu et raison qu'il
fit contraindre a soi faire absoudre ceux a qui les clercs feroient
tort, et qu'ils ne fussent oiz en leur bon droit. Et de ce leur donna
exemple du comte de Bretaigne, qui par sept ans a plaidoye contre les
prelats de Bretaigne tout excommunie; et finablement a si bien conduit
et mene sa cause, que notre saint pere le pape les a condamnes envers
icelui comte de Bretaigne. Parquoi disoit que si, des la premiere annee,
il eut voulu contraindre icelui comte de Bretaigne a soi faire absoudre,
il lui eut convenu laisser a iceulx prelats, contre raison, ce qu'ils
lui demandoient contre son vouloir, et que, en ce faisant, il eut
grandement mal fait envers Dieu et envers ledit comte de Bretaigne.
Apres lesquelles choses ouyes, pour tous iceulx prelats, il leur suffit
de la bonne reponse du roi, et oncques puis ne oi parler qu'il fut fait
demande de telles choses."
[Note 1: D'Auxerre.]
[Note 2: Prochain.]
_Mariage du roi_.
Le roi etant entre dans sa dix-neuvieme annee, la regente pensa
serieusement a le marier. Il est etonnant que la piete solide de ce
prince, et la vie exemplaire qu'il menait des lors, ne l'aient point mis
a couvert des traits de la plus noire calomnie. Les libertins, dont les
cours ne manquent jamais, et dont le plaisir est de pouvoir fletrir la
vertu la plus pure, a quoi ils joignirent encore la jalousie qu'ils
avaient de la prosperite dont la France jouissait sous la conduite de
la regente, oserent faire courir le bruit que ce jeune prince avait des
maitresses, que sa mere ne l'ignorait pas, mais qu'elle n'osait pas trop
l'en blamer, afin de n'etre point obligee de le marier sitot pour se
conserver plus longtemps l'autorite entiere du gouvernement.
Ces traits injurieux firent une telle impression dans le public, qu'un
bon religieux, pousse d'un zele indiscret, en fit une vive reprimande a
la reine. L'innocence est toujours humble, toujours modeste. _J'
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