et demander leur delivrance. "Il lui disait
dans sa lettre que, s'il voulait que la bonne intelligence subsistat
entre les deux etats, il fallait qu'il mit au plus tot les eveques
francais en liberte; qu'ils n'avaient eu aucun mauvais dessein contre
lui, mais que l'obeissance qu'ils devaient au Saint-Siege ne leur avait
pas permis de manquer d'aller au concile; qu'il devait se souvenir de la
conduite qu'on avait tenue en France a son egard, du refus qu'on avait
fait au legat du pape du secours qu'il demandait, et des propositions
avantageuses qu'on n'avait pas voulu ecouter, pour ne rien faire a
son prejudice. Qu'au reste, il lui declarait qu'il regardait
l'emprisonnement des eveques comme une injure faite a sa propre
personne, et que si on ne les relachait incessamment, il lui ferait
connaitre qu'on n'etait point d'humeur en France a se voir impunement
insulte." C'etaient la les dernieres paroles de sa lettre.
L'empereur repondit assez fierement a cette lettre, et sans rien
promettre au roi de ce qu'il lui demandait; il terminait sa reponse en
disant que ces prelats avaient conspire contre lui avec le pape; qu'il
etait en droit de les regarder comme ses ennemis, de les faire mettre
en prison et de les y retenir. Les choses s'adoucirent neanmoins, et
l'histoire, sans nous faire le detail des negociations qu'il y eut sur
ce sujet, nous apprend que les eveques furent delivres, l'empereur,
apres de plus serieuses reflexions, ayant apprehende que le roi ne se
liguat avec le pape. Les choses etaient en cet etat, lorsque Gregoire IX
mourut. Celestin IV lui succeda, et ne vecut que dix-huit jours apres
son exaltation sur le siege pontifical, qui ne fut rempli que vingt mois
apres par l'election d'Innocent IV.
Le roi, age de vingt-six ans, avait, par les conseils et la prudente
conduite de la reine, sa mere, retabli l'autorite royale a peu pres
au meme etat ou la sagesse et la fermete de son pere et de son aieul
l'avaient portee. Les grands vassaux paraissaient soumis, et il avait
pris la resolution de maintenir la tranquillite dans ses etats, au point
qu'il put lui-meme conduire dans quelque temps du secours aux chretiens
de l'Orient. Mais l'esprit d'independance, suite dangereuse du
gouvernement feodal, n'etait pas encore eteint. Il etait difficile que
le roi d'Angleterre, le comte de Toulouse et le comte de la Marche,
regardassent tranquillement la prosperite de Louis. Le premier, par la
felonie de ses ancetres, avait tro
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