tre qui s'etait laisse
corrompre par l'argent de la regente de France. Le ministre se retira
pour laisser refroidir la colere de son maitre. Quelques jours apres,
le comte de Bretagne etant arrive pour conduire, dans quelqu'un de ses
ports, l'armee d'Angleterre, selon qu'on en etait convenu, il se trouva
frustre de ses esperances: neanmoins, comme il s'apercut que le roi,
apres avoir jete son premier feu, avait toujours le meme attachement
pour son ministre, il prit lui-meme le parti de l'excuser, et il reussit
si bien qu'il le remit en grace, s'assurant, qu'apres un pareil service,
du Bourg ne s'opposait plus a ses desseins.
Avant de partir pour retourner en Bretagne, le comte voulut donner une
assurance parfaite de son devouement au roi d'Angleterre: il lui fit
hommage de son comte de Bretagne, dont il etait redevable au seul
Philippe-Auguste, roi de France; et, comme il savait que plusieurs
seigneurs de Bretagne etaient fort contraires au roi d'Angleterre, il
ajouta, dans son serment de fidelite, qu'il le faisait contre tous
les vassaux de Bretagne, qui ne seraient pas dans les interets de
l'Angleterre. Henri, en recompense, le remit en possession du comte
de Richemont et de quelques autres terres situees en Angleterre, sur
lesquelles le comte avait des pretentions. Il lui donna de plus cinq
mille marcs d'argent pour l'aider a se soutenir contre le roi de France,
et lui promit qu'au printemps prochain il l'irait joindre avec une belle
armee.
Le comte etant de retour et assure d'un tel appui, ne menagea plus rien:
il eut la hardiesse de publier une declaration, dans laquelle il se
plaignait de n'avoir jamais pu obtenir justice ni du roi ni de la
regente, sur les justes requetes qu'il avait presentees plusieurs fois.
Apres avoir exagere l'injustice qu'on lui avait faite par l'arret donne
a Melun contre lui, la violence avec laquelle on lui avait enleve
le chateau de Bellesme et les domaines qu'il possedait en Anjou, il
protestait qu'il ne reconnaissait plus le roi pour son seigneur, et
qu'il pretendait n'etre plus desormais son vassal. Cette declaration fut
presentee au roi, a Saumur, de la part du comte, par un chevalier du
temple. C'etait porter l'audace et la felonie aussi loin qu'elles
pouvaient aller.
Sa temerite ne demeura pas impunie. Des le mois de fevrier le roi vint
assieger Angers, et le prit, apres quarante jours de siege. Il aurait pu
pousser plus loin ses conquetes, et meme accabler le comte de Bret
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