rtenait. En consequence le roi fit, de son cote, tous
les preparatifs necessaires: il assembla les troupes des communes et
de ses vassaux, et fit faire un tres-grand nombre de machines alors en
usage pour les sieges. Tout fut pret pour la fin d'avril, temps marque
pour se reunir en Poitou, ou le roi fit la revue de son armee pres de
Chinon.
Elle se trouva composee de quatre mille chevaliers avec leur suite, ce
qui faisait un tres-grand nombre d'hommes, et de vingt mille autres
soldats tres-bien armes. Le roi, profitant du temps et du retardement
du roi d'Angleterre, que les vents contraires retenaient a Portsmouth,
entra sur les terres du comte de la Marche, ou il se vengea des courses
que ce comte avait commence de faire sur les terres de France: il
s'empara de plusieurs places ou forteresses, telles que Montreuil en
Gastine, la Tour-de-Bergue, Montcontour, Fontenay-le-Comte et Vouvant.
Hugues, trop faible contre un tel ennemi, n'osait tenir la campagne;
mais, pour arreter l'impetuosite francaise, en attendant le secours
d'Angleterre, il jeta ses troupes dans ses places, fit le degat partout,
brula les fourrages et les vivres, arracha les vignes, boucha les puits,
et empoisonna ceux qu'il laissa ouverts. La comtesse Reine, sa femme,
cette furie que l'historien de son fils[1] traite d'empoisonneuse et de
sorciere, et dont on avait change le nom d'Isabelle en celui de Jezabel,
porta la fureur encore plus loin. Desesperee du malheureux succes d'une
guerre dont elle etait l'unique cause, elle resolut d'employer plutot
les voies les plus laches et les plus honteuses, que de voir retomber
sur son mari le juste chatiment de l'insolence qu'elle lui avait fait
faire. Pour cet effet, elle prepara de ses propres mains un poison dont
elle avait le secret, et envova quelques-uns de ses gens aussi scelerats
qu'elle pour le repandre sur les viandes du roi. Deja ces malheureux
s'etaient glisses dans les cuisines; mais leurs visages inconnus les
firent remarquer: certain air inquiet, embarrasse, acheva de les rendre
suspects. On les arreta; ils avouerent leur crime: la corde fut la
seule punition d'un attentat qui meritait qu'on inventat de nouveaux
supplices[2]. On redoubla depuis la garde du roi, et personne d'inconnu
ne l'approcha plus sans etre auparavant visite.
[Note 1: Matthieu Paris.]
[Note 2: Annales de France.]
Sur ces entrefaites le roi d'Angleterre arriva au port de Royan, avec
beaucoup d'argent: ce qui fachait be
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