s peres cordeliers
ayant ete pris et trouves saisis de lettres du pape pour diverses cours
de l'Europe, Frederic les fit pendre.
Pendant que cette rupture jetait de nouveau l'Italie dans la
consternation, la France etait dans la joie par la naissance d'un
successeur a la couronne. C'etait le troisieme enfant que la reine avait
mis au monde: les deux autres etaient deux filles qui furent nommees,
l'une Blanche, et l'autre Isabelle. On donna au prince nouveau-ne le nom
de Louis.
Le roi, qui desirait, autant qu'il lui etait possible, de maintenir
la tranquillite dans son royaume, et s'assurer de la fidelite de ses
sujets, fit cette annee une chose qu'aucun de ses predecesseurs
n'avait ose entreprendre; elle etait contre un usage pratique de temps
immemorial, dont la suppression devait faire de la peine a beaucoup de
seigneurs; mais, d'ailleurs, elle etait d'une tres-grande importance
pour empecher toutes les intrigues secretes que les esprits factieux
tachaient toujours d'entretenir avec les ennemis de l'etat.
Plusieurs seigneurs et gentilshommes francais, et principalement les
Normands, avaient des fiefs en Angleterre. La coutume etait que, quand
il y avait guerre entre les deux nations, ceux qui, en vertu de ces
fiefs qu'ils possedaient dans l'un et dans l'autre royaume, etaient
vassaux des deux rois, se declarassent pour le parti de celui dont ils
tenaient le plus considerable de leurs fiefs, etant par la censes etre
ses sujets naturels, tant que la guerre durait. Alors le prince contre
lequel ils servaient, saisissait les autres fiefs du seigneur, qui se
trouvaient dans son royaume, sous la condition de les restituer apres la
guerre finie. Cette coutume ne s'observait pas seulement entre les rois
de France et d'Angleterre, on en usait de meme toutes les fois que
l'empire etait en guerre avec la France.
Le roi prit donc la resolution d'abolir cet usage a l'egard de
l'Angleterre; et, dans une assemblee qu'il fit de ces seigneurs qui
avaient des fiefs dans les deux royaumes, il leur declara qu'il leur
laissait la liberte entiere de le choisir lui, ou le roi d'Angleterre,
pour leur seul et unique seigneur; mais qu'il voulait qu'ils se
determinassent pour l'un ou pour l'autre, alleguant a propos ce passage
de l'Evangile, _que personne ne peut servir deux maitres en meme temps_.
Quelque interet qu'eussent ces seigneurs a ne pas subir cette nouvelle
loi qui les privait, ou des biens qu'ils possedaient en Angleterre, o
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