ditieux, et combien
etaient vaines les esperances dont on le flattait pour l'engager a se
rendre le ministre de la passion et des vengeances d'autrui. La crainte
de voir toutes ses terres desolees, comme on l'en menacait, eut tout
l'effet qu'on desirait. Il ecrivit au roi avec beaucoup de soumission,
et se rendit aupres de sa personne, sur l'assurance du pardon qu'on lui
promit.
Pour ce qui est du differend de la reine de Chypre avec le comte de
Champagne, le roi le termina de cette maniere: la princesse fit sa
renonciation aux droits qu'elle pretendait avoir sur le comte de
Champagne, a condition seulement que Thibaud lui donnerait des terres du
revenu de deux mille livres par an, et quarante mille livres une fois
payees. Le comte n'etant pas en etat de fournir cette somme, le roi la
paya pour lui, et le comte lui ceda les comtes de Blois, de Chartres et
de Sancerre, avec la vicomte de Chateaudun[1]. Le roi, par ce traite,
tira un grand avantage d'une guerre dont il avait beaucoup a craindre;
mais elle ne fut pas entierement terminee.
[Note 1: L'acte de cette vente est rapporte par Ducange, dans ses
_Observations sur l'Histoire de saint Louis_, par Joinville.]
Le comte de Bretagne, principal auteur de cette revolte, et dont
l'esprit etait tres-remuant, n'oublia rien pour engager le roi
d'Angleterre a seconder ses pernicieux desseins. Il lui envoya
l'archeveque de Bordeaux, et plusieurs seigneurs de Guyenne, de
Gascogne, de Poitou et de Normandie, qui passerent expres en Angleterre
pour presser Henri de profiter des conjonctures favorables qui se
presentaient de reconquerir les provinces que son pere avait perdues
sous les regnes precedens. Ils l'assurerent qu'il lui suffisait de
passer en France avec une armee, pour y causer une revolution generale.
L'irresolution de ce prince fut le salut de la France. Hubert du Bourg,
a qui il avait les plus grandes obligations pour lui avoir conserve sa
couronne, etait tout son conseil. Ce ministre, gagne peut-etre par la
regente de France, comme on l'en soupconnait en Angleterre, s'opposa,
presque seul, a la proposition qu'on fit au roi de passer en France, et
son avis fut suivi. Il se fit meme, cette annee, une treve d'un an entre
les deux couronnes: ce qui n'empecha pas le roi d'Angleterre d'envoyer
un corps de troupes anglaises au comte de Bretagne. Ayant fait avec ces
troupes, jointes aux siennes, quelques courses sur les terres de France,
il fut cite a Melun, pour compar
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