us interrompre.
LE CURE.--Ma chere enfant, vous avez raison; il faut attendre leurs
interrogatoires, c'est-a-dire quelques jours, et partir des le
lendemain.
MADAME BLIDOT.--Bien juge, monsieur le cure; j'aurais dit tout comme
vous. Je l'avais sur la langue des le commencement.
ELFY.--Et pourquoi ne l'as-tu pas dit tout de suite?
MADAME BLIDOT, riant.--Est-ce que tu m'en as laisse le temps? Tu etais
si animee que Joseph meme n'a pu dire un mot.
XI
La dot et les montres.
Le general et Moutier partirent tous deux pour l'auberge Bournier; ils
n'y trouverent personne que le greffier de la mairie qui ecrivait dans
la salle. Moutier lui expliqua pourquoi venait le general. Le greffier
fit quelques difficultes, disant qu'il ne connaissait pas le general,
etc.
LE GENERAL.--Est-ce que vous me prenez pour un voleur, par hasard?
Puisque c'est moi que ces gueux de Bournier voulaient assassiner, pour
me voler plus a leur aise et sans que je pusse reclamer! J'ai bien le
droit de reprendre ce qui m'appartient, je pense.
LE GREFFIER.--Mais, Monsieur, je suis charge de la garde de cette maison
jusqu'a ce que l'affaire soit decidee, et je ne connais pas les objets
qui sont a vous. Je ne veux pas risquer de voir enlever des effets dont
je suis responsable et qui appartiennent a ces gens-la.
Le general lui fit la liste de ses effets et indiqua la place ou on les
trouverait. Le greffier alla dans la chambre designee, y trouva les
objets demandes et les apporta; le general lui donna comme recompense
une piece de vingt francs. Le greffier refusa d'abord vivement, puis
mollement, puis accepta, tout en temoignant une grande repugnance a
donner a ses services une apparence interessee. Moutier se chargea des
effets, du necessaire et de la lourde cassette; et ils rentrerent a
l'Ange-Gardien. Le general appela Jacques et Paul qui le suivirent
dans sa chambre; il leur fit voir ce que contenait sa cassette et son
necessaire de voyage; dans la cassette il y avait une demi-douzaine de
montres d'or avec leurs chaines, de beaute et de valeur differentes;
toutes ses decorations en diamants et en pierres precieuses, un
portefeuille bourre de billets de banque et une sacoche pleine de pieces
d'or. C'etait tout cela que le general, imprudemment, avait laisse
voir a Bournier, et qui avait enflamme la cupidite de ce dernier. Le
necessaire etait en vermeil et contenait tout ce qui pouvait etre
utile pour la toilette et les repas. Jacque
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