sures.
LE GENERAL--Je n'oublie rien, mon ami, mais il y a temps pour tout, et
la noce en avant.
ELFY.--Du tout, general, Joseph a raison; vous devez aller d'abord aux
eaux, et lui doit vous y accompagner pour vous soigner.
MOUTIER.--C'est bien, chere Elfy, vous etes aussi raisonnable que bonne
et courageuse. Nous nous separerons pour nous reunir ensuite.
ELFY.--Et pour ne plus nous quitter.
LE GENERAL.--Ah ca! mais pour qui me prend-on? On dispose de moi
comme d'un imbecile! "Vous ferez ci; vous ferez ca.--C'est bien, ma
petite.--C'est tres bien, mon ami.--Est-ce que je n'ai pas l'age de
raison? Est-ce qu'a soixante-trois ans on ne sait pas ce qu'on fait? Et
si je ne veux pas aller a ce Bagnoles qui m'excede? si je ne veux pas
bouger avant la noce."
ELFY.--Alors vous resterez ici pour me garder, et Joseph ira tout seul
aux eaux. Il faut que mon pauvre Joseph guerisse bien son coup de feu
pour n'avoir pas a me quitter apres.
LE GENERAL.--Tiens! voyez-vous cette petite! Ta, ta, ta, ta, ta, comme
sa langue tourne vite dans sa bouche! Il faut donc que je me soumette.
Ce que vous dites est vrai, mon enfant; il faut que votre Joseph
(puisque Joseph il y a) se retablisse bien et vite; et nous partons
demain. ELFY.--Oh non! pas demain. J'ai eu a peine le temps de lui dire
deux mots, et ma soeur n'a encore pris aucun arrangement. Et puis...
Enfin, je ne veux pas qu'il s'en aille avant..., avant... Dieu! que
c'est ennuyeux!... Monsieur le cure, quand faut-il le laisser partir?
Le general se frottait les mains et riait.
LE GENERAL.--Voila, voila! La raison s'en va! L'affection reste en
possession du champ de bataille! Hourra pour la noce!
ELFY.--Mais pas du tout, general! Dieu! que vous etes impatientant, vous
prenez tout a l'extreme! Avec vos belles idees de noce, puis de depart
tout de suite, tout de suite, vous avez brouille tout dans ma tete; je
ne sais plus ou nous en etions!... Et d'abord, Joseph ne peut pas partir
avant d'avoir fait sa declaration dans l'affaire des Bournier; et vous
aussi, il faut que vous soyez interroge. N'est-ce pas, monsieur le cure!
Joseph ne dit rien; il me laisse toute l'affaire a arranger toute seule.
Moutier souriait et n'etait pas malheureux du desir que temoignait Elfy
de le garder un peu de temps.
"Je ne dis rien, dit-il, parce que vous plaidez notre cause bien mieux
que je ne pourrais le faire, et que j'ai trop de plaisir a vous entendre
si bien parler pour vouloir vo
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