pas a l'importance: la mise
en scene des chefs-d'oeuvre classiques de la litterature francaise.
Sujet vaste, qu'il faut s'empresser de limiter, en ecartant autant que
possible tout ce qui dans l'etude esthetique de ces oeuvres dramatiques
ne se rapporte pas a la mise en scene. Des les premieres pages de
ce volume, nous avons dit l'interet superieur qui s'attache a la
representation des oeuvres classiques. Elles marquent le niveau
superieur ou s'est eleve le genie francais, ou mieux le point culminant
qu'a pu atteindre en France l'art dramatique, sous sa forme la plus
simple et la plus severe. Pour les poetes, c'est un exemple toujours
present, qui domine leurs efforts, ne les laisse jamais satisfaits de
leurs propres ouvrages et les pousse dans la voie indefinie du progres.
Corneille, Racine et Moliere servent de conscience, soyons-en surs,
a ceux-la memes qu'enivre la popularite, et que semble aveugler le
contentement de soi-meme.
Ces representations ne sont pas moins salutaires au public; et
n'auraient-elles que le merite de former et de purifier son gout,
d'elever et d'agrandir son esprit, qu'elles contribueraient ainsi a
la culture generale des lettres, au maintien des bonnes moeurs et aux
insensibles progres de la civilisation. C'est surtout en se demandant
comment les representations classiques forment et epurent le gout qu'on
met en evidence l'attrait qu'elles ont seules le privilege d'exercer et
la raison secrete de l'empire qu'elles prennent sur ceux qui ont une
fois senti le plaisir particulier qu'elles procurent. Depuis plusieurs
annees j'ai assiste a un tres grand nombre de ces representations, et
c'est un point que je me suis efforce d'eclaircir, en analysant mes
propres impressions et en les comparant avec celles que me semblait
eprouver la salle tout entiere.
Il est certain que les hommes ne vont chercher au theatre que des
sensations, ce qu'en un mot nous appelons du plaisir. Personne n'entre a
la Comedie-Francaise avec la pretention de se rendre meilleur, de former
son gout, d'elever son esprit. A cet egard notre amour-propre, qui
souvent se contente de peu, nous fait juger notre esprit assez eleve,
notre gout suffisamment delicat et nous entretient dans l'estime de
nous-memes. Les salles de theatre seraient vides si elles ne devaient
se remplir que de personnes qu'y ameneraient des motifs aussi louables.
Non, le mobile qui nous pousse au theatre n'est pas aussi desinteresse
qu'on le pense; nous vo
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