le materiel
figuratif consiste en trois sieges et l'on peut dire qu'il est excessif.
A gauche on a place un fauteuil, a droite un tabouret et un banc en
forme d'hemicycle. Le premier siege est indispensable, car c'est lui que
les suivantes de Phedre approchent de leur maitresse, lorsque, a son
entree, au premier acte, elle est pres de defaillir. Le second peut etre
admis; et c'est lui qui servira a Thesee, si l'on croit, ce qui est pour
moi un point douteux, qu'il soit necessaire a celui-ci de s'asseoir.
Mais c'est, a mon avis, une faute de mise en scene que d'avoir installe
a droite, au premier plan, un banc en forme d'hemicycle. On pourrait
tout d'abord insister sur le peu de convenance architecturale de cet
hemicycle, attendu qu'il n'est pas necessite par une forme particuliere
du mur du peristyle. Il n'est pas probable qu'un hemicycle ait jamais
ete place de la sorte sous un portique. Mais toutes les raisons qu'on
pourrait faire valoir dans cet ordre d'idees ne seraient que des raisons
d'architecte ou d'archeologue, et par consequent seraient les plus
vaines du monde, si cet hemicycle etait impose par la mise en scene et
favorisait, soit le developpement de l'action, soit le jeu des acteurs.
Or, et c'est la la seule raison valable en fait de mise en scene, cet
hemicycle, non seulement est inutile au developpement de l'action,
mais encore nuit au jeu des acteurs et a la plus funeste influence sur
l'attitude de Thesee. L'acteur, en effet, supposant qu'un siege est
fait pour s'en servir, a la malencontreuse idee de s'asseoir sur cet
hemicycle. Malheureusement la forme semi-circulaire n'est pas favorable
a la severite de l'attitude et favorise au contraire une certaine,
nonchalance qui manque de grandeur au theatre et nuit au caractere
majestueux que doit conserver Thesee aux yeux des spectateurs. En outre,
en offrant ainsi au heros un siege aussi defavorable, le metteur en
scene devient en partie responsable de l'interpretation defectueuse
du role. En dehors du cinquieme acte, ou Thesee ecoute le recit de
Theramene, accable et par consequent assis, il n'y a qu'un moment dans
la tragedie ou l'on puisse supposer que Thesee prenne un siege; c'est au
commencement du quatrieme acte. Quand la toile se leve, Thesee est assis
(pour cela le siege sans bras suffit); et cette attitude resulte du
sentiment qu'eprouve le heros. Il vient d'entendre l'accusation portee
par Oenone, et il interroge celle-ci, meditant sur la cruaute de
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