die grecque et la
tragedie francaise n'obeissent au meme principe essentiel, qui est la
caracteristique du theatre grec et du theatre francais, a savoir la
predominance constante de l'idee sur le fait et du developpement moral
sur l'acte materiel.
Dans la mise en scene d'une oeuvre tragique, il est donc sage
d'abandonner toute pretention a une restauration antique, inutile et
impossible. On se perdrait immanquablement dans des essais aussi vains
que puerils. Ce que l'on prend d'ailleurs souvent pour des restaurations
ne sont que des caricatures decoratives: c'est ainsi qu'il y a quelques
annees on avait une tendance generale a jouer dans des decors de style
pompeien les tragedies dont l'action nous reporte au dela des temps
historiques de la Grece. Il faut donc s'efforcer d'effacer les traits
particuliers et s'en tenir aux grandes lignes generales, se contenter
d'une architecture simple et grande tout a la fois, de hauts et severes
portiques, peu surcharges d'ornements. Le vaste espace est de tous les
milieux celui qui convient le mieux a la grandeur tragique. Quant aux
costumes, il faut non sans doute s'en tenir a ceux dont se contente la
statuaire, qui est l'art du nu par excellence, mais ne pas s'en ecarter
de parti pris, et s'en inspirer, dans le choix des tissus, auxquels on
doit demander de beaux plis sculpturals. Tout en evitant la monotonie
dans les couleurs et la constante uniformite des vetements blancs, on ne
doit pas rechercher des contrastes trop accentues, ni ce bariolage de
tons crus auxquels il faut la brillante lumiere de l'implacable soleil.
L'eclairage plus que mediocre de nos scenes modernes n'admet pas l'abus
du style polychrome.
En un mot, c'est nous, hommes du XIXe siecle, qui creons tout cet
appareil theatral par la puissance de notre imagination; nous projetons
au dehors de nous et nous objectivons les images du monde antique qui
se sont formees lentement en nous par la contemplation des statues, des
vases, des medailles, des oeuvres des peintres de toutes les ecoles et
de tous les temps, par le souvenir de tout ce qui nous a ete fourni par
l'enseignement et par la lecture. L'idee du monde antique est en nous
le resultat d'une synthese qui a combine en types generaux tous les
elements divers qui se sont tour a tour enregistres en nous. Mais,
puisque tout cet appareil theatral n'est que le produit de notre
imagination actuelle, il en resulte que la mise en scene de nos oeuvres
classiques n'es
|